Le ministère de la Défense nationale réitère les positions de l'armée, par rapport à ses missions constitutionnelles et, partant, son refus cinglant d'être interpellée et sollicitée pour un tout autre rôle, quelconque, en prévision des prochaines élections présidentielles. Cette fois, l'armée s'est exprimée à travers son organe central, la revue El Djeich dans son numéro 661 du mois d'août 2018, dont l'éditorial est entièrement consacré à cette question. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - L'éditorial de la revue de l'armée réaffirme donc ce que le chef d'état-major, vice-ministre de la Défense nationale, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, avait clairement signifié lors de sa dernière sortie publique. Intitulé, «L'ANP, fierté du peuple algérien», l'édito d'El Djeich affirmera que «l'ANP demeure une institution républicaine qui se consacre à ses missions constitutionnelles représentées par la défense de l'intégrité de la patrie, de sa sécurité et de sa stabilité, loin de tout calcul ou autres surenchères politiques». D'emblée, l'on ne peut ne pas penser, ici, à l'initiative du parti islamiste, le MSP, qui invitait l'armée à «se porter garante d'une période de transition». Le rédacteur de l'éditorial d'El Djeich ne manquera pas de rappeler que cela «avait été réaffirmé par le général de corps d'armée, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP lors de sa récente intervention à l'occasion de la cérémonie organisée en l'honneur des cadets de la nation, lauréats du baccalauréat, session 2018». Dans cette intervention, largement reprise par l'édito d'El Djeich, Gaïd Salah avait, en effet, sèchement rappelé à l'ordre et lancé de fermes mises en garde en direction du MSP et bien d'autres «parties» ou «personnes». Il dira, par exemple, «une mauvaise pratique est devenue de coutume. Il est même devenu étrange, irrationnel et inacceptable qu'à la veille de chaque échéance électorale, que ce soit pour l'Assemblée populaire nationale ou les Assemblées populaires communales et de wilayas ou même pour les élections présidentielles, je dis à la veille de ces importants scrutins nationaux, au lieu d'œuvrer pour gagner la confiance du citoyen en prêtant attention à ses préoccupations les plus impérieuses et en ouvrant le débat dans divers domaines économiques, sociaux et autres, certaines personnes et certaines parties s'éloignent malheureusement de manière délibérée de l'essence même de la sagesse politique. Car la politique est la capacité de s'adapter aux exigences de la réalité et par capacité, on entend la bonne gestion des exigences de l'intérêt national et les impératifs de leur réalisation, ce qui nécessite un haut niveau de performance politique en toutes conditions et circonstances». Dans son discours, extrêmement «musclé», Gaïd Salah, toujours largement repris par l'éditorialiste d'El Djeich, affirmait également que «l'Armée nationale populaire est une armée qui connaît ses limites, voire le cadre de ses missions constitutionnelles, qui ne peut en aucun cas être mélée aux enchevêtrements partisans ou politiques ou être impliquée dans des conflits qui ne la concernent ni de près ni de loin. En dépit de cela, certains s'autoproclament tuteurs de l'Armée nationale populaire, voire son porte-parole oubliant ou omettant volontairement que l'Armée nationale populaire est l'armée du peuple algérien, l'armée de l'Algérie avec tout ce que cette expression peut contenir de significations historiques bien établies et de nobles valeurs, et avec tout ce qu'elle représente pour le présent et l'avenir». Intervenant dans un contexte politique bien particulier, marqué par un fort regain d'activités politiques à l'approche des présidentielles, lesquelles, comme en 2014, se présentent avec cette même donne, essentielle, à savoir un Président-candidat diminué par la maladie, cette sortie de Gaïd Salah n'est pas innocente. Comme en 2013, 2014, le chef d'état-major s'érige en véritable rempart, prêt à parer à toute «mauvaise surprise». Encore une fois, il fait montre d'une loyauté sans faille au patron d'El Mouradia. Ce n'est pas une simple formule de bienséance que Gaïd Salah tenait à affirmer, lors de son intervention, en effet que «l'Armée nationale populaire qui reçoit ses directives du moudjahid Son Excellence le Président de la République, chef suprême des forces armées, ministre de la Défense nationale et qui veille à appliquer scrupuleusement ses directives dans le cadre des lois de la République et conformément à la Constitution». Le chef d'état-major ne pouvait être plus clair, s'agissant des positions, du rôle et du devoir de l'armée, qui, comme à la veille de chaque rendez-vous national majeur, braque sur elle les regards de tous les observateurs. Nationaux et étrangers. K. A.