La présentation de l'étude sur la «Mission 2 de la stratégie nationale de la gestion intégrée à l'horizon 2035», appuyée par l'Union européenne, a fait l'objet d'une rencontre samedi à Annaba. Présidée par le wali Toufik Mezhoud et animée par Karima Dafi, cheffe du projet, Dr Chérif Arif, chef d'équipe du projet, et Mateo Garcia Prieto, spécialiste de la communication, la rencontre a regroupé les directeurs des structures étatiques et privées des wilayas de l'est du pays autour de la préparation de la mise en pratique efficiente de la stratégie nationale de la gestion intégrée des déchets. C'est dans ce sens que le wali a axé son discours d'ouverture. Il devait insister sur les enjeux que laisse apparaître la gestion des déchets pour un développement durable. En fait, la déclaration du wali est un véritable état des lieux aux allures de diagnostic de ce secteur de l'environnement qu'est la gestion intégrée des déchets. C'est ce qui fut débattu tout au long de la rencontre avec des interventions pertinentes. Notamment celles sur l'assainissement qui souffre depuis longtemps de déficits d'investissement, d'une instabilité institutionnelle entraînant des insuffisances notoires d'infrastructures et d'équipements adéquats pour la gestion et l'élimination des déchets. C'est ce que d'ailleurs confirme la teneur du résumé analytique élaboré par les services du ministère de l'Environnement et des Energies renouvelables. Celui-ci précise dans son introduction : «Malgré les acquis enregistrés, force est de constater que la gestion actuelle des déchets présente beaucoup d'insuffisances, déficience dans le domaine financier et économique, carences dans l'usage des aspects juridique et institutionnel, négligence dans la communication et risques de santé d'environnement dus à une infrastructure inadéquate. Cette situation pourrait s'aggraver dans le futur à cause des évolutions économiques et sociales.» La question du profil des déchets à enregistrer à l'horizon 2035 a été également soulevée. Elle porte sur six points dont le plus important est, sans conteste, l'insuffisance des recettes générées par la taxe annuelle d'enlèvement des ordures ménagères (TEOM). Et comme pour bien se faire comprendre, l'expert précise : «Devant ce paysage inquiétant, des changements structurels dans la gestion des déchets sont impératifs afin d'assurer l'engagement de l'Algérie dans les objectifs du développement durable, d'une part, et de se conformer au nouveau modèle économique pour l'instauration des équilibres financiers d'autre part.» Intervenant au cours du débat qui a fait suite à la présentation du rapport, plusieurs participants, dont des élus communaux, chefs de daïra et d'entreprises, ont invité le gouvernement à «prendre des mesures urgentes» et élever au rang de priorité la question de la gestion intégrée des déchets. Beaucoup ont plaidé la mise en place d'initiatives de la part des autorités. L'expert dépêché d'Alger a soulevé plusieurs points importants de la gestion intégrée des déchets, tels les investissements dans la filière du recyclage, l'élaboration d'un cahier des charges de collecte des déchets, la mise en place d'un fonds national de l'environnement, l'élaboration d'un plan de wilaya dans la stratégie de prise en charge de l'environnement et d'un autre pour la formation, la suppression des décharges sauvages... Le même expert a plaidé pour l'accroissement du rôle du secteur privé et l'inciter à créer quelque 30 000 emplois directs qui généreront quelque 70 000 emplois indirects liés à la gestion des déchets. De même qu'il est attendu une réduction des émissions nettes de GES de 45 millions de tonnes équivalents à CO². Ce gain environnemental équivaut en termes économiques à environ 150 milliards DA (1,3 milliard de dollars) d'économie. La prochaine rencontre sur la présentation et les discussions de la stratégie nationale de la gestion intégrée à l'horizon 2035 se tiendra à Alger, avant celles d'Oran et Ouargla pour les wilayas du Sud. A. Bouacha