Pour le quatrième vendredi de suite, la rue a grondé. Même scènes de mobilisation à travers le territoire national. Si la mobilisation reste intacte, les slogans ont sensiblement évolué. Après avoir rejeté le cinquième mandat, les Algériens disent non à la prolongation de ce dernier mais également un grand non à l'ensemble des symboles du régime. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Toujours aussi impressionnantes, les marches se structurent de plus en plus à travers des mots d'ordre qui ne laissent plus aucun doute sur les attentes de la rue. Depuis le premier vendredi de mobilisation, un slogan revenait en force : « Pas de cinquième mandat, Bouteflika ! » Trois marches plus tard, le concerné annonce que, finalement, il ne briguerait pas ce très controversé cinquième mandat. Dans une lettre lue en son nom, il n'est plus question d'élection présidentielle dans l'immédiat. Le rendez-vous est reporté sine die. Que répond la rue, le soir même ? « Pas de prolongation, Bouteflika !» Ce dernier slogan aura été répété des centaines de fois ce vendredi. La rue précise ses attentes et les affirme haut et fort : le seuil des revendications ne sera pas revu à la baisse. La rue réclame un changement profond et non pas un lifting de façade. Les propositions formulées par le Président sortant n'ont pas convaincu. La période de transition durant laquelle il restera à la tête de l'Etat sans mandat populaire est rejetée en bloc. Ce vendredi, la rue a, une fois de plus, parlé pour, d'un côté, réclamer le départ du Président sortant à la fin de son mandat, le respect de la Constitution mais également le départ du système, tout le système. Lors de la toute première manifestation, Ouyahia et le FLN avaient été pris pour cible car représentant le régime. En procédant à un changement à la tête de l'exécutif, les décideurs n'ont nullement réussi à convaincre là aussi. Le verdict de la rue est sans appel : pas moyen de faire du neuf avec du vieux ! Noureddine Bedoui, ministre de l'Intérieur sous Ouyahia, fait l'objet d'un total rejet. La rue voit en lui le symbole d'un système en perpétuel régénération. Idem pour Lamamra dont la nomination suscite autant d'opposition. Ce vendredi, lors des nombreuses manifestations, plus de Ouyahia ni de FLN dans les slogans mais bien Bedoui et Lamamra qui ont été pointés du doigt. De jeux de mots en pancartes à l'humour caustique, les deux responsables ont pu prendre la mesure de la détermination populaire à ne plus laisser les destinées du pays entre les mains de personnes ayant déjà eu par le passé un rôle dans la gestion contestée des affaires du pays. « Tous, c'est tous », ont répété en chœur des milliers de personnes sur les grandes avenues de la capitale. Un message qui ne souffre aucune ambiguïté sauf pour ceux qui ont fait le choix risqué de faire les sourds. N. I.