Pour le quatrième vendredi de suite, les Algériens ont exprimé, hier, par millions et à travers tout le pays, un rejet franc, clair et extraordinairement unanime, «du cinquième mandat», «du quatrième mandat prolongé», du nouveau « plan de travail » ; bref, de Abdelaziz Bouteflika et de l'ensemble de son régime. Quatre jours seulement après le message du 11 mars, l'immense mobilisation populaire qui secoue l'Algérie depuis le 22 février a encore gagné en ampleur, tout en maintenant son caractère admirablement pacifique avec, toujours comme cible exclusive, le patron d'El-Mouradia. Accessoirement, aussi, l'ensemble du personnel de son régime, avec l'entrée, cette semaine, des nouveaux symboles projetés sur la scène par le cercle présidentiel, à savoir Noureddine Bedoui, Ramtane Lamamra et Lakhdar Brahimi. Partout, aussi, des slogans et des banderoles ont été « dédiés» au Président français Emmanuel Macron dont la réaction aux décisions du 11 mars a particulièrement irrité la rue en Algérie. Par ailleurs, les gigantesques manifestations d'hier vendredi ont porté un sérieux coup à la propagande officielle consistant à attribuer et contenir ce soulèvement populaire à la seule frange juvénile. Non, il s'agit d'une révolte portée à bras-le-corps par l'ensemble des franges de la société algérienne, toutes catégories et toutes générations confondues qui, depuis le grand déclic du 22 février dernier , s'impose comme la première force politique dans le pays. Le pouvoir, acculé comme jamais et «à ciel ouvert», tentera-t-il une nouvelle manœuvre pour s'en sortir et, surtout, s'entêter à présenter la chose comme une simple revendication de «changement du système» et non pas de son chef ? Il est à parier que, comme c'est le cas depuis le début de ce face-à-face direct, entre Bouteflika et la rue, l'on aura droit à d'autres sorties et décisions spectaculaires dans les tout prochains jours… Kamel Amarni