Au deuxième jour de la grève générale que pratiquement tous les secteurs ont observée avec une discipline jamais vue auparavant, la population de Bouira, même si elle se montrait fière de cette discipline et de ces grèves suivies à la lettre par les fonctionnaires et autres travailleurs et enseignants de différents secteurs, avait les yeux rivés vers Alger , ou plus précisément vers Oran où le vice-ministre de la Défense, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, était en visite dans la IIème Région militaire. En effet, comme cela est devenu une habitude depuis le début du mouvement, un certain 22 février 2019 avec la sortie de Gaïd Salah ; une sortie médiatique ratée mais qui sera recadrée depuis avant d'être totalement installée dans le sillage du mouvement avec le slogan désormais entonné à travers les quatre coins du pays, « Djeïch, chaâb, khaoua, khaoua ». Hier, les yeux étaient encore rivés sur le patron de l'armée qui devra, selon ses engagements, « parler » pour inciter les politiques hésitants à suivre l'exemple de Bouteflika, afin de permettre au mouvement pacifique, qui a fasciné le monde entier, de suivre sa logique jusqu'à l'instauration d'une IIème République. Il faut rappeler qu'après les grandes victoires acquises par le peuple à travers sa mobilisation pacifique et ses rassemblements hebdomadaires par millions de personnes à travers les 48 wilayas du pays, et après le départ de Bouteflika, poussé par le mouvement vers la porte, aujourd'hui, tous les yeux sont braqués sur le trio toujours aux commandes, qui est plus que jamais contesté par la rue et tout un peuple. « Les Bedoui, Belaïz et Bensalah », tous trois sont plus que jamais interpellés pour éviter au pays toute impasse constitutionnelle qui le placerait dans une crise dont personne ne pourra prédire la suite. Hier, à moins de 24 heures de la date fatidique fixée par la loi, pour la réunion des deux Chambres, afin de valider la vacance du poste de président de la République, laquelle vacance, prévue par l'article 102 de la Constitution, stipule dans ses alinéas, la désignation du président du Sénat comme président par intérim, tout le monde était dans l'expectative. Surtout quand on sait que, depuis la démission de Bouteflika, le peuple rejette la désignation de Bensalah qui est l'actuel président du Sénat comme président par intérim. Aussi, le temps urge et la population attend et compte le temps minute par minute, à guetter du coté d'Alger le développement de la situation. Ce d'autant que les constitutionnalistes sont sollicités à volonté par les médias et chacun y va de sa propre lecture mais tous s'entendent sur l'urgence de voir l'actuel président du Sénat qui est largement contesté démissionner avant aujourd'hui mardi pour permettre aux sénateurs d'élire un nouveau Président qui sera désigné depuis le tiers présidentiel parmi les personnalités historiques, ou, le cas échéant, installer une personnalité historique indépendante, dans l'un des postes vacants du tiers présidentiel du Sénat, pour la proposer immédiatement come futur président du Sénat après la démission de Bensalah, et l'installer ce mardi comme Président par intérim. Le cas échéant, et c'est ce que personne ne souhaite, le jusqu'auboutisme l'emporterait sur la raison et Bensalah sera installé par la force de la loi, même si la majorité des sénateurs et députés seront absents. Et là, tous les scénarios sont possibles, sauf celui qui a prévalu jusque-là, c'est-à-dire le caractère pacifique et festif des marches. Installer Bensalah à la tête de l'Etat sera perçu par le peuple comme une pure provocation de la part des résidus de Bouteflika qui ne voudront pas lâcher le morceau et partir de leur propre chef. Fasse Dieu que cela ne se produise pas et que les tenants actuels du pouvoir, parmi les caciques du système, s'assagissent et partent en douce. L'Histoire en tiendra compte et sera redevable pour chacun d'entre eux. Y. Y.