L'événement n'est pas passé inaperçu, hier à l'annonce de la démission de l'un des 3 «B» longtemps décriés au cours des marches et manifestations populaires, puisque la sortie du président du Conseil constitutionnel a fait l'unanimité et les avis sont partagés, même si, en gros, c'est l'optimisme qui a gagné l'ensemble des citoyens, sans exception. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - En effet, c'est l'avis de Djamel le sociologue, rencontré parmi la foule qui circulait l'après-midi dans la rue Hassiba, qui résume la situation sous un œil pédagogique et avisé en déclarant que «l'événement en lui-même ne constitue guère une surprise mais un fait qui obéit à une logique telle que définie par les dernières évolutions du mouvement populaire, notamment depuis la nomination de Bensalah à la tête de l'Etat», et d'ajouter que «l'option de l'élection présidentielle choisie par Gaïd Salah allait à l'encontre des voix clamées par le peuple depuis plusieurs vendredis». Autant dire que pour lui, le régime va finir par abandonner l'option d'une présidentielle précipitée. Un autre avis qui va dans le même sens émane d'un citoyen retraité qui prévoit la chute imminente de la deuxième tête, celle par qui vient toute la grogne de la population depuis sa nomination intérimaire, à la tête de l'Etat, à savoir Bensalah. «Avec la chute des deux têtes réclamées par la rue, le pouvoir aura cédé à la pression, et prouvé la situation d'affolement qui prévaut actuellement au sein des décideurs qui ont opté sans réfléchir pour une élection présidentielle dont les conditions ne s'y prêtent guère», a-t-il résumé. Pour lui, la mise à l'écart du chef de gouvernement Bedoui ne devient plus une exigence pressante, du moment que l'idée d'une élection sera écartée. Pour la jeune Samia (23 ans) qui souhaite que le président du Conseil constitutionnel soit remplacé par un homme qui ne représente pas les symboles du régime, mais tout en prévoyant la mise à l'écart dans les tout prochains jours de Abdelkader Bensalah, se voit satisfaite du mouvement populaire dont les efforts n'ont pas été vains. Sa compagne, la trentaine, considère aussi que la révolte populaire a enfin porté ses fruits et prévoit déjà une nouvelle ère sans les symboles du système les plus influents sur la vie politique du pays. Enfin, le libraire Ahmed voit les choses autrement, en optant pour la méfiance et la vigilance, en témoigne son affirmation : «faut pas crier victoire», car selon lui, l'avenir appartient aux hommes intègres et honnêtes qui doivent remplacer les symboles du système qui ne se résument pas seulement aux 3 «B», «et ils sont nombreux !», prévient-il. A. B.