Finalement, le Ramadhan n'a eu aucune incidence sur l'ampleur de la mobilisation citoyenne contre le système politique. Dans toutes les wilayas, des centaines de milliers de manifestants sont sortis dans les rues pour confirmer l'attachement à la Révolution du peuple. Dans la capitale, les marées humaines étaient toujours au rendez-vous. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Deux slogans principaux ont été entonnés par les manifestants qui ont sillonné les rues d'Alger. « Makach intikhabat, ya el aissabat (Il n'y a pas de vote, bandits» et «Djoumhouria machi caserna (Nous sommes dans une République, pas dans une caserne » accompagnant des slogans hostiles au chef de l'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah. Seuls déçus par le 12e acte de la mobilisation du peuple contre le système politique : ceux qui ont misé sur le mois de Ramadhan et la chaleur pour voir le mouvement faiblir. Les Algériens ont prouvé ainsi que rien ne pourra les faire rentrer chez eux tant que leurs revendications ne sont pas satisfaites. Le mal fait au pays est beaucoup trop profond pour que la mobilisation soit cassée par un jour de jeûne. Placée sous le signe du «Vendredi de la résistance», la manifestation à Alger a vu affluer les foules des grands jours. « On ne dirait pas qu'on est en plein Ramadhan », a commenté un manifestant à la place du 1er-Mai, en voyant la marée humaine qui avançait de Belcourt vers Alger-Centre. Cependant, contrairement aux vendredis précédents, les manifestants ont commencé à se disperser aux environs de 15h. Les citoyens ont tenu à marquer la journée de leur présence afin d'exprimer leur engagement à poursuivre la révolution et ne pas l'abandonner au milieu du chemin. Au niveau de la place de la Grande-Poste, épicentre du mouvement à Alger, les manifestants ont commencé à prendre place à partir de 8h du matin. Sur place, un dispositif des forces antiémeutes a été déployé, encerclant les manifestants. Sa mission : arracher une banderole sans présenter aucun justificatif. Sur cette banderole, on pouvait lire : «Vous allez partir, c'est que vous allez partir. Il n'y a pas de dialogue avec vous. Nulle tutelle sur la volonté du peuple. C'est le peuple qui décidera. L'armée est la nôtre et Gaïd est contre la volonté du peuple. Tarehlou gaâ ». Mais les manifestants ne se sont pas laissé faire. Ils ont protégé cette banderole comme on protège un bien personnel contre une agression. Pour un Etat civil C'est sous les cris nourris de « Djoumhouria machi caserna (Nous sommes dans une République, pas dans une caserne » que les déferlantes humaines en provenance de tous les quartiers de la capitale ont afflué vers le centre. Le chef de l'ANP n'a pas échappé à la colère des manifestants qui ont scandé des slogans à son encontre tout au long de la marche. « Makach intikhabat, ya el aissabat (Il n'y a pas de vote, bandits » est l'autre principal slogan de ce vendredi. Avec ce slogan, les citoyens ont ainsi tranché la position populaire, celle du rejet de la présidentielle du 4 juillet. Mais malgré cette mobilisation extraordinaire, les tenants du pouvoir veulent imposer cet agenda. «Le peuple algérien est un peuple libre. Il entend le rester jusqu'à l'éternité », lit-on sur une pancarte brandie par un manifestant. La mobilisation d'hier confirme que les Algériens ne sont pas prêts à abandonner leur marche vers un nouveau destin. Ni les menaces, ni le chantage, ni les manœuvres ne les ont découragés. Ce n'est pas le mois de carême qui réussira à le faire. K. A.