C'est au cours d'une conférence de presse qui a réuni les membres de la Fondation Casbah que quelques habitants sont venus témoigner de cas de dépassements et d'irrégularités dont ils ont été victimes de la part de l'administration. Il s'agit pour le président de la Fondation de « dénoncer les graves dérives constatées dans le relogement des familles touchées par la dangerosité de leur logement ». Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Ce qui est à noter au cours de ce rendez-vous, c'est un constat de graves irrégularités commises dans les opérations de relogement des familles dont les logements menacent ruine. Le drame le plus récent qui mérite d'être signalé, c'est le décès tragique de 5 personnes suite à l'effondrement d'un immeuble dans la Basse-Casbah enregistré lundi 22 avril dernier. A ce sujet, le président de la Fondation Casbah, M. Ali Mebtouche, dira que « la Fondation n'est pas concernée par le relogement ni par la distribution de logements, comme le prétendent certains », mais elle a pour mission, la réhabilitation du patrimoine historique, touristique et architectural de la capitale, classé patrimoine universel, sans pour autant « recevoir le moindre sou ». Et d'insister : « Nous sommes une équipe de bénévoles qui n'attend pas la moindre subvention de l'Etat .» Bien au contraire, le président de la Fondation Casbah ira jusqu'à dénoncer le « détournement » des sommes colossales allouées pour la restauration du vieux bâti. Chiffres à l'appui, il citera 880 milliards de centimes alloués par l'Etat à l'ancienne ministre de la Culture et 4 500 milliards à la wilaya. « De quoi restaurer 1 000 casbahs », s'insurge M. Ali Mebtouche. « Ce n'est pas avec des discours que l'on parviendra à réhabiliter la Casbah », revient-il à la charge pointant un doigt accusateur la gestion du dossier par les pouvoirs publics. Le dirigeant de la Fondation, documents en main, soulève un autre problème inhérent aux irrégularités enregistrées dans les opérations de relogement des habitants. « 2 000 logements destinés aux habitations menaçant ruine ont été détournés », rappelle-t-il, avant de citer d'autres cas de détournement de logements destinés aux plus nécessiteux, et qui profitent à des intrus, dont même des personnes résidant à l'étranger. Parmi les irrégularités enregistrées dans les opérations de relogement, l'on cite l'occupation des habitations abandonnées par des indus alors qu'elles menacent ruine. A ce sujet, le drame de la bâtisse effondrée qui a fait 5 victimes est mis sur le dos des pouvoirs publics, qui ont réagi, a-t-on souligné, en « jetant la pierre aux victimes », déclarant au lendemain du drame que « c'est de leur faute s'ils sont morts », a rappelé le président de la Fondation Casbah. Et poursuivant dans la même lancée, Othmane, un membre, dira : « On n'a jamais voulu prendre en compte les appels de la Fondation afin d'éviter les dépassements, au moment où l'on assiste, dans certains cas, à des déménagements répétés qui peuvent atteindre 3 déménagements à partir d'une même habitation .» Avant de déplorer, chiffres à l'appui, que 38 maisons évacuées sont demeurées ouvertes, au lieu d'être « murées ». Parmi les habitants de la Casbah présents, l'un d'eux dira que la commission de recours de wilaya n'existe plus, et que « nous ne sommes reçus ni par le président d'APC ni par le wali délégué ». Lyès, un autre résidant d'une maison menaçant ruine dans la Basse-Casbah, dénonce lui aussi la complicité de l'administration dans les irrégularités qu'endurent les habitants dans le traitement équitable de leurs cas. Enfin, la Fondation Casbah a lancé un appel à agir en direction des habitants de la Casbah par le biais de leurs représentants présents. « Nous encourageons les habitants lésés à agir au plus vite revendiquant leurs droits légitimes par des actions concrètes et pacifiques en direction des autorités publiques locales.» A. B.