17 collectifs et associations ont pris part le week-end dernier à un conclave féministe à Béjaïa. A l'issue de cette discussion qui a réuni plus de 50 femmes indépendantes ou représentantes de groupes féministes venues de six villes algériennes, une déclaration commune a été rendue publique hier. Depuis le 22 février, la présence des femmes dans les manifestations du vendredi et du mardi ainsi que dans les différents rassemblements et actions militantes ne laisse aucun doute sur l'importance et l'urgence d'inscrire les revendications liées à l'égalité et à la fin des discriminations au cœur même du mouvement actuel. Plusieurs collectifs avaient déjà initié des actions féministes durant les marches à l'instar du carré féministe d'Alger, Béjaïa et Bouira. Les 20 et 21 juin derniers, plusieurs d'entre elles se sont retrouvées à Béjaïa afin d'étudier les possibilités d'une concertation élargie qui pèserait en tant que force politique dans le futur proche. C'est ainsi que 17 associations et groupes féministes venus d'Alger, Tizi-Ouzou, Béjaïa, Bouira, Annaba, Constantine, Timimoun et Oran se sont constitués sous le dénominatif commun «Femmes algériennes en lutte pour l'égalité et l'émancipation». Leur déclaration souligne la nécessité pour les femmes algériennes de mettre en avant leurs revendications d'égalité citoyenne et de faire valoir leurs droits au sein d'un mouvement émancipateur commun auquel elles ont pris part sans hésiter : «Nous femmes et Algériennes, avons conscience d'appartenir à une longue histoire de femmes, qui ont permis à l'Algérie d'exister à travers les siècles et les vicissitudes de l'Histoire. Le combat que nous menons et qui dure depuis des décennies ne saurait cesser sans que nous ayons accès à tous nos droits. Le mouvement populaire du 22 février a surpris l'ensemble des Algériennes et des Algériens par son immensité, sa diversité et son intelligence collective. Il a grandi, évolué d'un vendredi à l'autre et rejeté les tentatives de récupération et de division opérées par le régime en réponse à ses revendications. La présence massive des femmes dans les marches a étonné ceux qui n'avaient pas enregistré notre progression dans la vie publique. Présence qui en elle-même est une avancée dans notre combat. Au cours de ce mouvement, de multiples collectifs et associations de femmes se sont mobilisés, d'autres sont nés partout sur le territoire national pour exprimer notre vision d'une Algérie nouvelle, démocratique et plurielle. Une Algérie qui prenne en compte nos préoccupations, notre exigence de dignité et d'émancipation et notre revendication d'égalité. En un mot, pour dire notre féminisme. Les revendications féministes portées dans le Hirak ont réveillé des résistances rétrogrades et provoqué des agressions et des intimidations à notre encontre, cependant, la mobilisation des femmes n'en a été que plus forte. C'est pourquoi, nous, femmes représentantes de 17 associations et collectifs de femmes ainsi que des indépendantes, de plusieurs wilayas, nous nous sommes réunies du 20 au 22 juin 2019 à Tighremt, afin de nous mobiliser en tant que force politique féministe et autonome pour contribuer à l'avènement d'une nouvelle république basée sur la justice sociale pour toutes et tous et contre toute forme de discrimination. Nous revendiquons l'égalité entre les sexes, à laquelle se réfèrent les Constitutions algériennes successives, qui doit permettre aux femmes d'avoir accès aux mêmes droits que les hommes, sur les plans politique, civil, économique, culturel, personnel, social et juridique, sans discrimination aucune. Cette égalité implique de mettre un terme aux violences physiques, économiques, sexuelles, psychologiques et symboliques contre les femmes, l'abrogation du code de la famille et une participation libre et effective des femmes dans toutes les sphères de la société. Aussi, les luttes que nous menons depuis des décennies ont permis des acquis qui, aujourd'hui, doivent trouver une application réelle et une transcription effective dans le droit à une égalité citoyenne pleine et entière. Nous avons donc décidé de faire entendre nos voix et d'inscrire nos revendications dans ce qui se joue aujourd'hui du point de vue de l'exigence démocratique. Nous n'accorderons notre soutien à nulle force qui nous ignorera. Nous appelons toutes les femmes et groupes de femmes à se joindre à cette mobilisation.» Signataires : - La Collective féministe d'Alger Femmes algériennes pour le changement pour l'égalité (FACE) - Réseau Wassila/Avife - Habiba Djahnine - Collectif Assirem N yellis N djerdjer de Tizi Ouzou - Association femmes action et développement de Annaba (AFAD) - Association nationale femmes en communication (FEC) - Lynda Mahieddine - Fatma Oussedik - Collectif pour l'émancipation des femmes (AEF) - Collectif des femmes libres de Bouira - SOS femmes en détresse Femmes algériennes revendiquant leurs droits d'Oran (FARD) - Collectif de femmes d'Amizour Association femmes rurales (AFUD) - Association Rachda Cherifa Bouatta Collectif libre et indépendant des femmes de Béjaïa - Rassemblement algérien des femmes démocrates (RAFD) - Fondation pour l'égalité/ CIDDEF - Espace de résistance féminine d'Alger S. H.