Un avion militaire libyen a pénétré de façon impromptue dans l'espace aérien tunisien et atterri d'urgence dans le sud de la Tunisie, a indiqué hier lundi le ministère tunisien de la Défense. L'avion, un L-39, s'est posé vers 7h30 locales sur une route à Béni Ghezayel, une zone proche de Médenine, à une centaine de kilomètres de la frontière libyenne, a précisé le ministère dans un communiqué. «Une opération de contrôle a été déclenchée pour intercepter et identifier l'avion, mais il a dû atterrir d'urgence», indique le ministère, qui avait mobilisé un avion de chasse tunisien. Un colonel se trouvait seul à bord, selon le communiqué. Le ministère n'a pas pu préciser sa nationalité ni de quelle force armée libyenne relevait ce pilote. Depuis le 4 avril, les troupes du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est libyen, sont engagées dans une offensive militaire pour s'emparer de la capitale Tripoli où siège le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, reconnu par l'ONU. Les combats au sol et les raids aériens dans la bataille de Tripoli ont poussé, selon l'ONU, plus de 100 000 personnes à la fuite, dans un pays miné depuis 2011 par des luttes de pouvoir entre milices. Les photos montrent que ce L-39, un avion d'entraînement qui peut être utilisé au combat, transportait deux bombes, sans qu'il soit possible de confirmer leur nature. Selon la page Facebook officielle du GNA, l'avion appartient à ses adversaires les forces loyales au maréchal Haftar. «Le schéma de couleur et tout un faisceau d'indices indiquent qu'il s'agit plus probablement d'un avion pro-Haftar», estime le consultant sur les questions de défense Arnaud Delalande, spécialiste de la Libye. Selon lui, les sources restent encore contradictoires, certaines faisant état d'un «problème de navigation» alors que d'autres évoquent un pilote «libyen qui pourrait avoir fait défection par refus de bombarder des concitoyens» comme c'était déjà arrivé en 2011 et 2014.