Après une cérémonie d'installation du nouveau président de la cour, M. Antar Menouar, et de M. Reggaz Mohamed en tant que nouveau procureur général près la cour d'Oran, hier le ministre de la Justice, garde des Sceaux, M. Belkacem Zeghmati, a fait le constat amer empreint d'incompréhension face aux retards et à la gestion des projets relevant de son secteur. « C'est intolérable ! Ce n'est pas sérieux», s'est-il ainsi offusqué. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - En visitant le projet de réalisation d'un établissement pénitentiaire de 1 000 détenus à Bir El Djir, et qui cumule près de 10 ans de retard, le ministre n'a pas caché sa colère, ainsi que ses doutes : «On est tenu en otage, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans ces histoires de projets comme ça qui traînent. ». Les travaux du projet en question ont été lancés en 2009 et ne devaient durer que 22 mois. Ils ont dû être interrompus 4 ans (2010-2014) en raison d'un litige avec l'entreprise de réalisation, à cause d'un terrain rocheux. A cela le ministre réplique : « Non, non, il y a une étude initiale qui a été faite avant le lancement du projet et ces gens-là ont obtenu le projet en se basant sur l'étude, alors qu'ils assument leurs responsabilités. Pourquoi nous tiennent-ils en otage depuis 10 ans ?! ». Le ministre de la Justice, garde des Sceaux sera d'autant plus étonné lorsqu'il apprendra qu'il n'y a aucun problème financier. « Je ne suis pas d'accord, du tout du tout, du moment que le handicap financier n'existe pas, tout est subordonné à cela, si le projet n'avance pas c'est que l'erreur est chez nous », dit-il. Pour M. Zeghmati, le bureau d'études est responsable du projet, les autres questions relatives au projet sont accessoires, dit-il et de s'adresser aux responsables du bureau d'études : « Nous vous avons confié une tâche pour laquelle vous êtes rémunérés. C'est de l'argent public qu'il s'agit. Cela fait des mois et des mois que l'on parle de ça en se demandant où est allé l'argent public. Comment il est géré ? Eh bien cela nous donne un exemple ! ». Il charge les responsables du projet en leur lançant : « Ce temps-là est révolu. Soit on maîtrise nos dépenses ou alors on ferme ! ». Le constat sera identique au niveau du projet de réalisation du tribunal d'Es-Senia dont la réception provisoire du premier lot a été faite il y a une année, mais depuis, la totalité du projet n'a toujours pas été livrée. « Les problèmes techniques que vous avez rencontrés dès le départ, étaient prévus dans les études ? » demande le ministre. La réponse ne l'étonne pas « Ici, c'est un peu spécial oui ça a été omis», et le ministre de répliquer « Voilà !!! On revient au problème principal, celui des études, rien n'est spécial dans des domaines pareils ou on maîtrise ou on ne maîtrise pas ! 11 ans de retard ! On ne peut pas continuer ainsi c'est honteux, moi j'ai honte d'avoir un projet comme ça. C'est inacceptable.» Auparavant, lorsque le ministre était encore dans de meilleures dispositions, à l'occasion de la cérémonie d'installation des présidents de la cour et du procureur général près la cour d'Oran, M. Zeghmati a rappelé aux juges qu'ils constituent « une autorité indépendante dont la mission consiste en l'application de la loi et la protection de la société et des droits individuels et de leur liberté ». Pour que cela se concrétise, cette autorité judiciaire s'appuie, dit-il, sur les principes de la légitimité, de l'équité et de l'impartialité. Il rappellera que « l'indépendance des juges n'est pas un privilège accordé mais une responsabilité imposée qui l'oblige à arbitrer entre les personnes dans le cadre de leurs droits et de leur liberté… Sans influence extérieure». Toutefois, précise le ministre de la Justice et garde des Sceaux, cette indépendance ne veut pas dire que le juge doit s'isoler de la société. « Si le peuple a hurlé de son fond intérieur de la nécessité de combattre la corruption et la tyrannie, il a également demandé en contrepartie, de la dignité, de l'équité dans les chances et le respect des droits de l'Homme et la justice sociale .» A. B.