Comme chaque mardi depuis le début de la révolution populaire du 22 février, la communauté universitaire de Béjaïa est sortie hier dans la rue pour réitérer son appel à une véritable transition démocratique et au départ de toutes les figures incarnant la continuité du système en place. Pour ce 26e mardi de manifestation estudiantine contre le régime, une foule imposante composée d'étudiants habitant la région de Béjaïa, des enseignants et des travailleurs de l'université auxquels se sont joints d'autres citoyens, a battu le pavé avec le même mot d'ordre, d'une rupture radicale avec l'ancien système qui passe, a-t-on martelé, par le départ de l'ensemble de ses symboles. Empruntant le parcours habituel des précédentes manifestations prenant le départ du campus universitaire de Targa Ouzemour en passant par Aamriou, la rue de la Liberté et la cité Tobal, la communauté universitaire de Béjaïa a repris en boucle des slogans hostiles aux tenants du pouvoir. Réaffirmant leur rejet du dialogue et de l'élection présidentielle avant la mise en place d'une transition démocratique , les manifestants n'ont pas cessé tout au long du parcours de la marche de reprendre des slogans pour «un état civil et non militaire» tout en fustigeant le chef d'état-major de l'armée et les membres du panel chargé du dialogue pour l'organisation d'une présidentielle dans les plus brefs délais. La foule de manifestants a également observé, avant de se disperser dans le calme, un rassemblement devant la cour de justice de Béjaïa pour réclamer la libération des manifestants poursuivis pour le port de l'emblème amazigh et le moudjahid Lakhdar Bouregaâ. Par ailleurs, dans une déclaration rendue publique en cette occasion de la commémoration en même temps de la Journée du 20 Août marquant à une année d'intervalle deux anniversaires distincts de la guerre d'Indépendance contre le colonialisme français, à savoir celui de l'offensive de l'Armée de libération nationale dans le Nord constantinois, en 1955, et celui de l'organisation du Congrès de la Soummam, en 1956, le Collectif des enseignants et ATS de l'université de Béjaïa réaffirme ses positions de départ allant dans le sens des revendications de la révolution en marche que mène le peuple algérien depuis près de sept mois pour «un changement radical du système politique ,une transition démocratique et pacifique et pour une nouvelle Algérie libre, démocratique et plurielle». Les rédacteurs du document ont réitéré leur refus catégorique de l'idée même de ce qui est qualifié «de Hiwar des aissabates». «Aucun dialogue n'est envisageable avec les serviteurs du système illégitime et rejeté par le peuple» affirme le Collectif des enseignants et ATS de l'université de Béjaïa tout en exigeant «la libération immédiate et sans conditions des détenus d'opinion arbitrairement incarcérés par les résidus du système en place». Tout en insistant sur «l'importance de la passation du pouvoir politique des mains des institutions régaliennes aux mains du peuple, seule source du pouvoir». Et de conclure dans la même déclaration par un grand hommage à «tous ces grands dirigeants initiateurs et organisateurs du Congrès de la Soummam qui constitue la pierre angulaire de notre glorieuse révolution de 1954 et tous les fidèles enfants de notre pays qui ont lutté et qui luttent encore pour un seul objectif : que vive l'Algérie libre et démocratique», a-t-on souligné. A. Kersani