Pour le 33e vendredi consécutif, les Algériens sont sortis, hier, pour marquer leur opposition à l'élection présidentielle, réclamant une rupture radicale avec le système politique. La mobilisation était très forte et les mots d'ordre restent inchangés : pas d'élections avec les bandes. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Malgré les mesures de sécurité draconiennes, avec les dizaines d'arrestations de manifestants et l'obstruction des accès vers Alger, la mobilisation était au rendez-vous et la manifestation était impressionnante. Des torrents humains se sont déversés et ont convergé vers le centre de la capitale. Trois marrées humaines, l'une en provenance de Belouizdad, la deuxième du côté de Bab-el-Oued et la troisième des hauteurs de la rue Didouche-Mourad, se sont dirigées vers le centre, remplissant toutes les rues de manifestants. Les manifestants réclament une transition démocratique conduite par des hommes intègres et compétents, refusant d'accepter toute démarche du système tant que ses figures, à l'instar d'Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui, sont en place. « A Alger, il n'y aura pas de vote », ont-ils scandé à gorge déployée. Sur leurs pancartes, les manifestants n'ont pas épargné les candidats, notamment les deux anciens chefs de gouvernement, Ali Benflis et Abdelmadjid Tebboune. Les manifestants ont fait montre d'une grande détermination à poursuivre la mobilisation jusqu'à atteindre les objectifs de la Révolution. Ils ont appelé à la libération des détenus d'opinion, incarcérés pour leur participation aux manifestations. A signaler que la manifestation d'hier s'est tenue dans un climat tendu le matin. Des dizaines de manifestants ont été interpellés par la police et les agents de l'ordre fortement déployés dans la ville. Selon des témoins, des policiers se sont introduits même à l'intérieur d'une mosquée à Meissonier où ils ont interpellé plusieurs personnes. Aussi, l'action de l'association RAJ, qui a prévu de déposer une gerbe de fleurs à la place des Martyrs avant le début de la marche, en hommage aux martyrs des événements d'Octobre 1988, dont l'Algérie célèbre aujourd'hui le 31e anniversaire, a été empêchée. Des militants de l'association et d'autres activistes, venus participer à l'activité, dont deux députés du FFS et le porte-parole de SOS Disparus, ont été interpellés avant d'être relâchés quelque temps plus tard. Mais, globalement, la manifestation s'est déroulée dans le calme. Et le génie populaire ne s'est pas empêché de s'exprimer une nouvelle fois. A partir de 16h, les manifestants ont commencé à se disperser et à rentrer chez eux, sans laisser de traces de leur action. Des jeunes volontaires ont, pour leur part, nettoyé les rues d'Alger à la fin de la marche. K. A.