De Tunis, Mohamed Kattou Maintenant que les lampions se sont éteints sur la présidentielle et les législatives et que Kaïs Saïed a occupé son fauteuil au palais de Carthage, les discussions, dans tous les cercles, tournent autour de la constitution du gouvernement. En raison des résultats donnés par les urnes, aucun parti politique n'est en mesure de constituer, à lui seul, le gouvernement. Les résultats définitifs des législatives ne seront connus que le 13 novembre. Cependant, avec ses 52 sièges, le parti islamiste Ennahda bénéficie de la priorité de proposer le nom du prochain chef du gouvernement sans être sûr du succès s'il n'arrive pas à concocter les alliances nécessaires qui le feraient atteindre la majorité requise de 109 voix sur les 217 que compte l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Dur à réaliser vu l'écart qui sépare le parti islamiste du seuil établi par la Constitution. Ainsi, l'on est enclin à dire que les prochains jours seront difficiles pour les principaux partis désireux de dominer l'ARP. Car Qalb Tounès (Cœur de la Tunisie), du candidat malheureux à la présidentielle, Nabil Karoui, est bien placé pour tenir la dragée haute au parti islamiste. Tous les partis centristes et démocrates annoncent déjà qu'ils viendraient renforcer Qalb Tounès à l'Assemblée. Ainsi, l'on se trouve, selon la Constitution, devant trois scenarii. Ennahda et ses alliés pourraient ramasser les 109 voix nécessaires pour voter la confiance au gouvernement et éviteront, ainsi, une perte de temps préjudiciable. Dans le cas contraire, une durée d'un mois sera accordée au gouvernement pour accorder ses violons. En cas de nouvel échec, c'est le chef de l'Etat qui nommera, après consultation de tous les partis siégeant à l'Assemblée, la personne la plus apte à diriger le gouvernement. Un troisième échec fera perdre au pays plus de trois mois et permettra au président de la République de dissoudre le Parlement et appeler les électeurs à de nouvelles législatives. C'est le scénario que personne ne souhaite, particulièrement les députés qui perdraient ainsi les privilèges pour lesquels ils avaient tout sacrifié durant de longs mois. M. K.