Plusieurs familles du bidonville de Diar-El-Kef, au lieudit Sonatro, se retrouvent aujourd�hui dans la rue. Exclues de la r�cente op�ration de relogement initi�e dans le cadre de l��radication de l�habitat pr�caire, ces familles ne savent plus � quel saint se vouer. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La placette Sa�d-Touati, ex-La Basetta, dans la commune de Bab-El-Oued, s�est transform�e depuis quatre jours en un refuge pour plusieurs familles du bidonville de Diar El-Kef. Ne figurant pas sur la liste des b�n�ficiaires de la derni�re op�ration de relogement qui a touch� leur quartier, et leurs baraques ayant �t� compl�tement ras�es, ces familles tra�nent dans la rue depuis une semaine. Pourtant, affirment les concern�s, �nous vivons dans ce quartier depuis plus d�une d�cennie et nous n�avons aucun bien immobilier, ni � Alger, ni ailleurs�. Dans une vaste cour, le long de l�enceinte du lyc�e, des matelas pos�s sur des tapis en plastique ou � m�me le sol sont align�s. Des femmes �g�es, des jeunes filles et m�me des enfants y sont install�s. Les femmes discutent discr�tement, accoud�es � des cousins dispos�s �a et l� ou � des couvertures pli�es. Epuis�es apr�s toute une journ�e pass�e en position assise, les plus �g�es s�en servent pour s�assoupir un peu. Les hommes, quant � eux, se postent � l�entr�e des lieux pour assurer la protection de leurs familles. Native de Bab- El-Oued, A�cha vit dans ce bidonville avec son mari et leurs 7 enfants depuis 16 ans. Elle relate avec beaucoup d��motion la m�saventure v�cue depuis le d�but de l�op�ration de relogement. De Bab- El-Oued � Bab-Ezzouar, � Baraki et � Birtouta et jusqu�aux Eucalyptus, avant le retour au lieu de d�part, tel a �t� leur p�riple. �Arriv�s enfin chez nous, il s��tait av�r� que nos maisons avaient �t� d�j� d�molies�, dira-t-elle avec une pointe d�amertume. Et de condamner le �pi�ge des autorit�s concern�es�. �On nous a mis � la rue, nos enfants ont �t� tabass�s, et nos affaires et nos meubles, on ne sait plus o� ils sont�, ajoutera-t-elle. Un groupe de femmes, toutes munies de documents attestant que leurs familles ne poss�dent pas de biens immobiliers, ne dissimulaient pas leur col�re. �Pourquoi cette injustice ? Nous ne sommes pas des �trangers, nous sommes des Alg�riens�, tonneront- elles. Djamila, m�re de 4 enfants et r�sidant dans ce quartier depuis 13 ans, t�moigne �Nous vivons un cauchemar. Mon fils a failli se suicider � cause de cette injustice, et moi j�ai d� abandonner mon poste de travail depuis le d�but de cette histoire�, confie-t-elle. Une autre femme �voque sa situation : �On vit ici depuis 18 ans. Mon mari n�a aucun bien. On n�a ni lot de terrain, ni villa, ni appartement. Et aujourd�hui, � 75 ans, il est contraint de passer la nuit � la mosqu�e. � Pour sa part, Nila, une veuve de 72 ans, r�side dans ce bidonville depuis 18 ans. �On m�accuse d�avoir un haouch au bled. Regarde bien ce document, il prouve que je n�ai aucun bien ni ici � Alger ni au bled�, dit-elle. Khalti Fatma est un cas tr�s �mouvant. Assise sur un bout de carton, elle �tait en train de coudre l�ourlet d�une djellaba noire. A 84 ans, cette vieille dame se retrouve dans la rue, sans toit. De temps � autre, elle s�arr�tait de coudre et levait vers le ciel ses mains compl�tement d�form�es par l�arthrose, pour prier : �Mon Dieu, tu es l�Unique, le Tout-Puissant ! R�pare cette injustice. J�avais un petit chez-moi, une petite baraque qui me prot�geait de tout. Pourquoi me jettent-ils � la rue ? Pourquoi me laissent-ils comme �a livr�e � moi-m�me ? Je ne veux qu�une petite chambre pour m�abriter, je n�ai que faire de leurs appartements !� Exc�d�e par cette situation, elle adressait des harangues en direction des agents de police l� sur les lieux � surveiller tous les �agissements � des occupants de cette cour. �Eloignez-vous de moi, vous m��touffez. Allez plus loin, vous m�irritez !�, leur lan�ait-elle. Plus loin, une jeune handicap�e moteur et mentale � 100 % gisait sur un matelas � m�me le sol, et sa m�re tentait tant bien que mal de chasser les mouches qui s�agglutinaient. Une m�re de 7 enfants au bord du d�sespoir. Exhibant ses bras parsem�s d�h�matomes, elle nous a apport� ce douloureux et poignant t�moignage : �J�ai �t� tabass�e par la police ce jeudi � la da�ra de Bab-El-Oued. Non seulement on nous jette dans la rue, mais en plus, on nous tabasse ! Nous ne revendiquons que notre droit. Un toit pour nous abriter, nous et nos enfants.� Et de ne plus rien dire, avant de s��loigner pour visiblement dissimuler ses larmes. Encore une autre journ�e qui s�ach�ve, et toutes ces familles esp�rent que les autorit�s locales se pencheront s�rieusement sur leurs cas. R. N. Montrer patte blanche La police surveille de pr�s la placette Sa�d-Touati, ex-la Basetta, dans la commune de Bab-El- Oued. C�est l� que r�sident, depuis quatre jours, plusieurs familles recal�es par le dernier relogement du bidonville de Diar El Kef. Ainsi, tout �tranger acc�dant � cette cour est soumis � un �interrogatoire �. M�me les journalistes sont somm�s de r�pondre � plusieurs questions. Ces mesures sont justifi�es par la n�cessit� de filtrer les entr�es afin d�assurer la s�curit� des personnes. Des pr�cautions qui g�nent les journalistes dans l�exercice de leur mission.