De notre envoyé spécial à Tébessa et à Constantine, Mohammed Kebci Le candidat à l'élection présidentielle du 12 décembre prochain, Ali Benflis, continue de revendiquer sa part de la base du parti FLN dont il a été, à un certain moment, secrétaire général. Un parti dont la direction intérimaire vient de signifier officiellement son appui au candidat et patron intérimaire du frère ennemi, le RND. «Je suis des vôtres et vous êtes des miens», a, en effet, affirmé, jeudi dernier dans la matinée, le président du parti des Avant-gardes des libertés, devant ses partisans à la Maison de la culture Mohammed-Chebouki de Tébessa. Et de réclamer, dans la foulée, sa part de l'électorat de cette wilaya du grand pays chaoui, poursuivant «vouloir bénéficier de son droit». Autrement dit, sa part des voix le jour du scrutin présidentiel, jeudi prochain, dans cette wilaya qui constitue un des fiefs incontestés et incontestables du vieux Front du pouvoir, dont la direction vient de préférer le patron intérimaire du frère ennemi, Azzeddine Mihoubi, à ses deux enfants, également candidats, Abdelmadjid Tebboune et Ali Benflis. Une réclame que Benflis avait déjà signifiée deux jours auparavant quand il revendiquait, à partir de Mila, une partie de la base du parti FLN, «celle honnête, intègre et propre». Et au président du parti des Avant-gardes des libertés de dénoncer les pratiques des hommes du président de la République déchu sous la pression populaire. «Ils ont détruit le pays et l'ont traîné au plus bas de l'échelle, durant les deux décennies passées.» Il appuiera son constat par «l'étendue du préjudice causé et que les procès en cours impliquant nombre de hauts responsables, dont deux ex-Premiers ministres et de ministres, révèlent». Benflis enchaînera par décliner un des axes majeurs de son programme électoral, soit l'édification d'un Etat des institutions légitimes, avec un président de la République qui aura des prérogatives définies, et un Parlement qui aura pour mission de contrôler régulièrement l'action de l'exécutif à travers des comptes-rendus hebdomadaires avec possibilité de révoquer un ministre, voire le gouvernement dans sa totalité , au besoin. Ceci sur le plan politique. Alors que dans le domaine économique, le candidat préconise la libération de l'initiative, dans le sillage d'une économie de marché sociale. Il regrettera, par ailleurs, le fait que la wilaya de Tébessa, comme bon nombre d'autres wilayas du pays, ait été «marginalisée, voire punie», s'engageant à mettre fin aux pratiques bureaucratiques dans la perspective d'édifier des infrastructures de base, d'encourager et de stimuler l'investissement agricole, touristique et industriel, via la cession de crédits bancaires aux enfants de la wilaya. Peu avant la fin de son allocution, Benflis a été interrompu brièvement par un citoyen parmi l'assistance qui lui reprocha le fait de «prendre part à des élections que la bande organise». Ce qui a valu à ce dernier d'être renvoyé de la salle pour permettre au candidat de poursuivre son intervention. Et lors de son second meeting animé en milieu d'après-midi au niveau de la salle le Zénith de Constantine, Benflis soutiendra candidater «non pas avec des mains vides, mais porteur d'un projet d'espoir à même de sortir le pays de la crise qu'il endure». Récusant le concept de président providentiel, le président du parti des Avant-gardes des libertés affirmera «ne pas entreprendre ce que je ne sais pas», promettant l'instauration d'un Etat démocratique. «Avec moi, il y a l'espoir pour les jeunes qui sont le présent et non pas l'avenir du pays.» Dans cette optique, il s'engagera à revoir à la baisse l'âge pour permettre aux plus jeunes d'accéder aux postes de responsabilité au niveau des assemblées élues. Comme pour Tébessa, le candidat Benflis regrettera la marginalisation dont a été victime l'ex-Cirta, promettant notamment s'il venait à être élu président de la République, la requalification des quartiers de la ville dans le sens de l'amélioration du cadre de vie des habitants. A noter que le candidat Benflis a eu à se rendre, juste après son meeting de Constantine, dans la ville voisine de Chalghoum-Laïd, relevant de la wilaya limitrophe de Mila, où il s'est livré brièvement à un bain de foule. Pour la 21e et avant-dernière journée de la campagne électorale, Benflis se rendra, aujourd'hui samedi, dans la wilaya de Khenchela dans la matinée et dans la wilaya voisine de Batna, en fin de journée. M. K. Tentative d'infiltration La direction de campagne de Benflis se démarque
La direction de campagne de Ali Benflis n'a pas tardé à réagir à l'information selon laquelle un individu a été arrêté pour avoir tenté de l'infiltrer. «Des médias viennent de rendre publique, ce jour 5 décembre 2019, une information faisant état de l'arrestation de M B. S. pour avoir tenté d'infiltrer la direction de campagne du M. Ali Benflis, candidat à l'élection présidentielle du 12 décembre 2019, au profit d'une puissance étrangère», peut-on lire dans un communiqué rendu public, jeudi dernier dans la soirée. Et de préciser que «M. B. S. n'occupe aucune fonction au sein de notre direction de campagne, et que sa présence dans les meetings du candidat Ali Benflis est en relation exclusive avec son activité professionnelle au sein de l'équipe technique chargée du son». La direction de campagne de M. Ali Benflis n'a pas, par ailleurs, manqué de se féliciter «de la célérité avec laquelle les services de sécurité ont éventé cette affaire». M. K.