Lors de leurs haltes en campagne électorale présidentielle, les cinq candidats, dans leur ensemble, ont tenu des discours communs qui convergent dans pas mal de points, préconisant des solutions à la crise multidimensionnelle que vit le pays depuis plusieurs mois, saluant dans la «dynamique» populaire du 22 février, le rôle de l'Armée nationale, tout en tenant un discours rassembleur, avec des promesses de régler tous les problèmes à travers la concertation, s'engageant ainsi à stimuler l'investissement, le développement de plusieurs secteurs selon les spécificités des régions visitées. Les dossiers de l'emploi de jeunes, de hausse des salaires, et de pensions au profit de la femme au foyer ont été également au menu des candidats au cours de leurs rencontres avec la population. Abdelhalim Benyellès – Alger (Le Soir) - Ali Benflis, le président du parti des Avant-gardes des libertés, a insisté dans ses discours sur l'urgence économique pour laquelle il préconise la libre initiative, la «dépolitisation» et la «débureaucratisation». Alors que le candidat du RND, Azzedine Mihoubi, s'est engagé à réaliser l'autosuffisance alimentaire du pays en deux ans et faire de l'Algérie un pays exportateur de plusieurs produits agricoles en cinq ans. Le candidat du Front El Moustakbel, Abdelaziz Belaïd, a axé ses discours sur le potentiel agricole que détient le sud du pays, et de promettre de raccorder le Sud au Nord par une ligne de chemin de fer qui sous-tend cet essor économique, promettant la création de zone de libre-échange à Tamanrasset, afin de faciliter les exportations vers le marché africain. Parmi les priorités, le candidat Benflis a cité l'école et la santé, dont il s'est engagé à régler les problèmes à travers la concertation et le dialogue permanents avec les partenaires sociaux. Le même discours rassembleur et de communion entre le peuple et ses gouvernants a été tenu par le candidat du Front El Moustakbel, qui s'est dit fidèle au slogan de sa campagne «Le peuple décide». Abdelaziz Belaïd a réitéré, à chacune de ses sorties, que le capital réside dans la richesse des ressources humaines en Algérie, notamment les jeunes issus des universités auxquels il a réservé une large part dans ses discours. Dans ce contexte, autant dire que l'ensemble des candidats, en visite dans le sud du pays, ont accordé une place privilégiée à la région, au point de faire dire au candidat Abdelkader Bengrina, président du mouvement El Binaa, «pourquoi pas un Président issu du Sahara ?» Les engagements en direction des jeunes ont pris une part considérable chez les candidats en lice, qui ont promis en l'occurrence d'apporter les remèdes qui s'imposent, pour le cas du chômage. C'est dans ce sens que Ali Benflis s'est engagé à redonner espoir aux jeunes, et Azzedine Mihoubi d'accorder des crédits sans intérêts aux jeunes, pour investir dans le secteur de l'agriculture ainsi que des avantages aux porteurs de projets des PMI et PME, dans l'objectif de créer le maximum d'entreprises. Aux jeunes, Abdelaziz Belaïd a promis la réduction à 6 mois du service national et l'accompagnement des start-up, qui seront créées en nombre considérable s'il vient à être élu Président. Dans le domaine de la santé, les candidats ont été unanimes à s'accorder sur la multiplication des structures. Pour le cas de Abdelaziz Belaïd, c'est la création de 4 pôles régionaux, Ali Benflis a plaidé pour la construction d'hôpitaux de petites capacités d'accueil avec davantage de spécialisations, quant à Azzedine Mihoubi, il s'est engagé, pour les zones des plus démunies qu'il a visitées, à réaliser des structures sanitaires. Le dossier de l'école également a été largement traité par les candidat à la présidentielle dans leurs meetings populaires, où le candidat Ali Benflis a promis de régler tous les problèmes du secteur à travers la concertation et le dialogue permanents avec les partenaires sociaux. Alors que Abdelkader Bengrina, qui ne s'est pas penché sur la situation sociale des enseignants ni sur la qualité des programmes de l'éducation, a promis aux élèves inscrits dans les écoles coraniques et les zaouïas de les faire accéder à l'enseignement supérieur, notamment dans les spécialités des sciences humaines et sociales, à la condition de maîtriser la récitation du Saint Coran, l'exégèse, la langue arabe et des hadiths du Prophète. Sur le plan social et l'amélioration de la qualité de la vie des Algériens, Abdelmadjid Tebboune a préconisé une prime mensuelle pour les revenus moyens avec la proposition de mettre en place les mécanismes innovants comme solution à élever le niveau de vie des classes moyennes ; Ali Benflis l'augmentation du SNMG (salaire national minimum garanti) dans le cadre de la répartition équitable des richesses nationales, et Abdelkader Bengrina revoir le Smig, l'IRG et les congés de maternité. Tandis que Abdelaziz Belaïd, critiquant ouvertement l'option de ses concurrents, a promis un salaire qui assure la dignité du travailleur, sans plus de détails. Par ailleurs, le thème de la femme a été souvent évoqué, à l'instar du candidat du parti des Avant-gardes des libertés qui s'est engagé à concéder une pension à la mesure de la noble mission de la femme au foyer et du candidat du Front El Moustakbel qui a, quant à lui, aussi, promis une pension. Dans le cadre des réformes administratives et bureaucratiques, Abdelmadjid Tebboune plaidera pour la révision de la Constitution, Ali Benflis pour un nouveau découpage administratif en vue de la distribution équitable des richesses, Abdelaziz Belaïd le renforcement des prérogatives des élus locaux et des walis, afin d'assurer une meilleure gestion des richesses locales. Par ailleurs, le thème qui a rebondi dans tous les discours et chez la totalité des candidats est celui de la lutte contre la corruption et la protection des deniers publics. C'est ainsi que le candidat islamiste, Abdelkader Bengrina, a proposé des solutions de lutte contre la corruption, citant, pour cela, l'exemple de l'Arabie Saoudite qui a mené avec succès pareille opération. Ali Benflis s'engagera à mettre fin au clientélisme et aux passe-droits par l'édification d'un Etat des institutions légitimes. Le candidat Abdelmadjid Tebboune a promis de combattre la corruption ; Azzedine Mihoubi lutter contre la corruption, et Abdelaziz Belaïd a préconisé la numérisation des secteurs des finances et du commerce afin de contrer toutes les tentatives frauduleuses. L'unanimité dans les déclarations a été observée chez la totalité des candidats dans le soutien de l'institution militaire et le renouvellement de confiance au vice-ministre de la Défense nationale et chef d'état-major, observés notamment dans les sorties de Ali Benflis qui a accordé une place privilégiée au rôle de l'Armée nationale populaire tout au long de ses discours, alors que tous les autres ont fait part à leurs sympathisants de leur respect des efforts accomplis par l'ANP dans l'accompagnement du mouvement populaire déclenché depuis le 22 février. Tous ont adopté la même démarche de rejet de toute forme d'amnistie à l'égard des auteurs de détournement de deniers publics et de fuite de capitaux vers l'étranger une fois l'Etat des institutions légitimes mis en place, avec un président de la République élu. Enfin, ce qui mérite d'être signalé, c'est la poursuite, dans toutes les sorties des candidats en meetings, du thème de rejet de toutes formes d'ingérence étrangère dans les affaires internes de l'Algérie, dénonçant, dans leurs discours, la résolution du Parlement européen sur «la situation des libertés en Algérie». A. B.