Abdelmadjid Tebboune a présidé, hier dimanche au palais d'El Mouradia, son premier Conseil des ministres en tant que président de la République. Un premier Conseil qui intervient trois jours après la constitution de son tout premier gouvernement, sous la conduite du Premier ministre Abdelaziz Djerad. Il s'agit en fait, de la première prise de contact entre le Président et l'exécutif auquel il a confié la lourde mission de gérer un pays sérieusement affaibli par une fin de règne chaotique de Bouteflika et qui émerge progressivement d'une crise politique exceptionnellement difficile. Une crise aux répercussions aggravantes sur une situation économique, sociale et diplomatique déjà assez critique. Autant de priorités alarmantes qui ne permettent aucune tergiversation de la part de la nouvelle équipe aux affaires et qui est tenue de parer au plus pressé. Une sorte de plan d'urgence nationale que Tebboune aura, donc, détaillé à son gouvernement en fixant la feuille de route de chacun et la mission d'ensemble de l'exécutif. Kamel Amarni Reconsidérer le système de gouvernance Le président de la République estime nécessaire l'édification de l'Algérie à laquelle aspirent les citoyens et les citoyennes à travers la «reconsidération» du système de gouvernance. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Abdelmadjid Tebboune, qui présidait, hier dimanche, son tout premier Conseil des ministres, a insisté, pour ce faire, sur un des 54 engagements qu'il avait pris lors de la campagne électorale pour l'élection présidentielle du 12 décembre dernier, à savoir opérer une «réforme profonde» de la Constitution qui constitue, à ses yeux, la pierre angulaire dans l'édification de la nouvelle République, à laquelle aspirent tant d'Algériennes et d'Algériens. Mais pas que la revue de la première loi fondamentale du pays dans l'agenda du président de la République, puisqu'il a également évoqué l'impératif «amendement» de certaines lois organiques, dont notamment, la loi portant régime électoral que nombre de partis trouvent restrictive à leur action. Tebboune a surtout mis l'accent sur la nécessité de «moralisation» de la vie politique nationale à travers la «séparation effective du milieu politique de celui des affaires», et la «lutte sans merci contre la médiocrité dans la gestion», estimant que la nouvelle République tant rêvée doit s'appuyer sur des «valeurs d'un Etat de droit» qui suppose «l'indépendance de la justice et la promotion de la démocratie participative effective qui permettra des chances d'épanouissement social et politique pour tous». Dans cette perspective et à l'effet de matérialiser son programme sur le terrain, le président de la République a instruit les membres du staff gouvernemental à être à «l'écoute des préoccupations des citoyens et leurs doléances». Ceci à travers l'adoption d'un «dialogue et d'une concertation», avec le point mis sur la nécessité de prendre comme unique leitmotiv de «veiller scrupuleusement à demeurer au service de l'Etat et du peuple», à la «préservation des deniers publics et la lutte contre les pratiques bureaucratiques et le respect des engagements de l'Etat». Ce qui requiert, au préalable, un «comportement exemplaire» car, selon le président de la République, c'est à ce seul prix qu'on «redressera la situation générale du pays, qu'on rétablira l'autorité de l'Etat et qu'on recouvrera la confiance des citoyens». M. K. Une politique sociale prioritaire Moins d'impôts pour les faibles revenus, amélioration du pouvoir d'achat et un accès à des soins de qualité. C'est en résumé le programme social du président de la République. Il en faisait part, hier, aux ministres auxquels il est demandé de favoriser le dialogue et l'écoute. Nawal Imés - Alger (Le Soir) - Présidant hier son premier Conseil des ministres, Abdelmadjid Tebboune a levé le voile sur ce qui sera son programme au plan social. Si aucune mesure n'est annoncée, le président de la République trace les grandes lignes de la politique sociale que le gouvernement aura à mener. S'adressant au gouvernement, réuni au complet pour la première fois, Tebboune a fait savoir que le volet social sera au cœur de ses préoccupations, voire une des « priorités absolues » avec comme objectif, une rapide amélioration du niveau de vie des citoyens. Il promet que l'Etat sera aux côtés des couches moyennes et défavorisées afin de leur permettre de prétendre à une meilleure qualité de vie. Il est prévu la suppression des impôts pour les personnes à faible revenu. Sur le plan de la santé, le président de la République a évoqué la nécessité de mettre en place un plan d'action devant permettre d'offrir aux usagers des soins de qualité, tout en révisant à la hausse le budget de la santé afin de permettre la réalisation de nouvelles structures de santé, notamment des centres hospitalo-universitaires répondant aux normes internationales, tout en améliorant les structures déjà existantes. L'enseignement supérieur et l'éducation n'ont pas été en reste. Tebboune a donné des directives afin que l'université ne reste plus coupée du monde économique et celui du travail , tout en plaidant pour la mise en place de pôles d'excellence et d'universités spécialisées. Le système éducatif sera, quant à lui, appelé à être révisé avec des orientations en faveur de l'allégement des cartables, mais également de la réhabilitation des activités sportives et culturelles qui seront appelées à reprendre leurs places au sein des établissements scolaires. Un programme qui ne saurait être mis en application sans une politique basée sur l'écoute et le dialogue. N. I. Redonner à l'Algérie une économie forte Le premier gouvernement du Président Tebboune se sait attendu sur pratiquement toutes les questions tant le pays est en proie depuis des années à tous les désordres imaginables, un véritable barnum qui, entre autres conséquences, a induit une fracture entre gouvernants et gouvernés jusqu'à donner naissance au mouvement populaire du 22 février. Lors de leur entrée en scène, hier lors du premier Conseil des ministres du président Tebboune, les ministres en charge de tout ce qui a trait aux questions économiques, ont reçu leurs premières instructions pour s'atteler à «la mise en place d'un modèle économique fort basé sur la diversification, exempt d'obstacles bureaucratiques qui attirent la richesse et absorbent le chômage, notamment chez les jeunes, ainsi que la réalisation de la sécurité alimentaire». Des directives déjà entendues, de la part du nouveau pensionnaire du palais d'El Mouradia, lors de son discours d'investiture, le 19 décembre dernier, lorsqu'il faisait état des grandes lignes de son programme destiné à ranimer l'économie nationale par trop dépendante des hydrocarbures et des importations à tout-va. L'ambition déclarée d'Abdelmadjid Tebboune est donc de s'atteler à bâtir une économie nationale forte, diversifiée, génératrice de richesses, créatrice d'emplois et vecteur de bien-être social à même de renforcer notre sécurité alimentaire et de mettre le pays à l'abri de la dépendance aux hydrocarbures et vis-à-vis de l'étranger, soit tout ce que les gouvernements qui se sont succédé depuis des lustres n'ont pas pu, plutôt n'ont pas su, mettre en œuvre. C'est dire si la tâche s'annonce ardue, du fait notamment du délabrement avancé des lieux et de cette espèce de découragement de ceux que le président appelait dans son discours d'investiture «les hommes d'affaires patriotiques honnêtes et des entreprises économiques publiques et privées». Les jalons pour le renouveau économique du pays sont donc posés dans l'optique de «se libérer de la dépendance aux hydrocarbures» à travers, notamment, le recours aux énergies alternatives et renouvelables, avec comme ambition même de les exporter, selon le vœu du nouveau Premier magistrat du pays qui, ainsi, a donné à ses ministres le cap à suivre. A charge à ces derniers, maintenant, de révéler les contours de ce qu'ils comptent entreprendre dans la perspective de donner à l'Algérie «une économie forte». M. Azedine