De Tunis, Mohamed Kettou Pour sa première apparition publique, le nouveau chef du gouvernement, Lyes Fakhfakh, a choisi le mode «conférence de presse». Non pas pour présenter un programme qui apaiserait une population aux abois et qui l'attend de pied ferme, mais pour distiller des informations sur les consultations entamées, jeudi, avec les partis politiques à l'exclusion de Qalb Tounès de Nabil Karoui, finaliste malheureux de la présidentielle, et du parti Destourien libre (PDL) de Abir Moussi. Lyes Fakhfakh était, face aux journalistes, sûr de lui. Sûr de réussir son examen au Parlement pour obtenir sa confiance. Pour y arriver, il lui faudrait une ceinture politique qu'il a été chercher auprès de huit partis dont le parti islamiste majoritaire au Parlement (54 sièges). Concernant la structure du gouvernement qu'il entend former, il a précisé qu'il sera «restreint», ne dépassant pas les 25 ministres. Ce sera une réduction drastique en comparaison avec les cabinets précédents. «Je ferai le maximum pour me rapprocher de la parité ‘'hommes-femmes'' tant clamée dans tous les cercles politiques.» L'exclusion remarquable de Qalb Tounès (38 députés) et du PDL (17 députés) serait une option dictée par le Président Kaïs Saïed, qui avait exhorté le malheureux Habib Jemli à former une équipe où Qalb Tounès ne serait pas représenté. Aujourd'hui, quelle voie suivra Fakhfakh dans la constitution de son gouvernement, sachant qu' il avait été rejeté par le peuple lors de l'élection présidentielle en n'obtenant que 0,6% des voix ? «Malgré cela, dit-il, je bénéficie de l'appui du président de la République qui avait réalisé un score historique avec plus de 70%. De ce fait, je tire ma légitimité et je m'appliquerai à mettre en œuvre les choix du Président.» Abordant, superficiellement, son programme qu'il dévoilera avec détails, la semaine prochaine, il a lancé un nouveau concept. Depuis 2011, on ne parle en Tunisie que de «transition politique». Aujourd'hui, Fakhfakh parle de «transition économique et sociale». «Tout en travaillant sur le court terme pour sauver, de la misère, une bonne tranche de la population, il faut introduire de profondes réformes dans tous les secteurs», a-t-il dit. Ainsi, le pays aura encore recours à l'emprunt extérieur. Ce sera pour relancer le développement économique et non pour la consommation, comme il a été le cas, à ce jour. D'autant plus que la dette a atteint des proportions considérables. Elle se chiffre, aujourd'hui, à 75% du PIB. De quoi s'attendre à des jours durs, très durs même. M. K.