L'extraordinaire chute du prix du baril américain de pétrole, lundi, a instauré un degré de crainte jamais atteint sur l'avenir immédiat de milliers de producteurs. Une crainte qui s'est désormais prolongée vers d'autres contrées où l'autre baril de référence, le Brent de la Mer du Nord, n'est pas plus franchement à l'abri d'un plongeon, comme l'a démontré le marché, mardi et lors de la première partie de séance d'hier. Après le WTI, pétrole de référence du marché de New York, à l'issue de l'historique journée de lundi, lorsque les vendeurs se sont retrouvés à devoir payer plus de 37 dollars pour qu'on les débarrasse de leur encombrant pétrole, place nette a été faite au Brent, le baril de référence pour le pétrole algérien, pour connaître les affres de la dépréciation vertigineuse du prix. Le Brent qui, doit-on le rappeler, se négociait aux alentours de 68 dollars en début d'année. Mardi, à la clôture du marché de l'Intercontinental Exchange de Londres, le Brent a en effet perdu près de 25% de sa valeur déjà frappée d'une dégradation, plus ou moins bien contenue que celle qui a touché le WTI américain, due au ravage causé par le coronavirus sur l'économie mondiale ainsi que d'autres facteurs qu'endossent des producteurs principaux, les Saoudiens et les Russes, qui, tout en continuant à produire abondamment, se sont déclaré une guerre des prix comme le monde du pétrole en a rarement vu. Mardi donc, alors que le WTI se relevait péniblement du monumental Krach de la veille, le baril de Brent de la Mer du Nord était cédé à 19,33 dollars, une chute du genre qu'on n'a plus vue depuis une vingtaine d'années. Ce n'était qu'un prélude pour une autre séance difficile, celle d'hier, qui a vu le baril de référence pour l'Algérie commencer la journée par une dégringolade sur le marché asiatique pour s'échanger contre moins de 17 dollars après avoir fait craindre de passer, à un certain moment, sous la barre des 15 dollars. La journée d'hier, du moins la première moitié de la séance sur les marchés, a reflété l'image parfaite de l'état des lieux. Le baril de Brent a été en effet astreint à une descente en douce de sa courbe des prix jusqu'à atteindre les 15,70 dollars pour ensuite repartir en hauteur pour accrocher, à 12h30 heure d'Alger, un inespéré 19,31 dollars pour illustrer encore mieux la grande incertitude du marché et renseigner, s'il le fallait encore, du peu d'impact de l'accord Opep+ à travers lequel 9,7 millions de barils par jour seront retirés du marché à compter du mois prochain jusqu'à la fin juin. Et si l'on doit se fier à de nombreux analystes et spécialistes, aussi bien indépendants que des cabinets d'expertise, il va falloir s'attendre à des moments extrêmement délicats pour les producteurs notamment des pays qui sont beaucoup plus dépendants des hydrocarbures que d'autres, à l'instar du Nigeria, de l'Irak, du Venezuela, de l'Iran et de l'Algérie. Des pays qui «n'ont pas des capacités à amortir les chocs». Azedine Maktour