Dans son «Global Pension Report 2020», publié jeudi 28 mai 2020 sous le nom «Retraites : le Cygne argenté ?», le groupe Allianz analyse et classe les systèmes de retraites dans le monde. Occultée en ce début d'année à cause de la crise du coronavirus, la question des retraites revient sur le devant de la scène ces derniers jours. En cause, un rapport de l'assureur Allianz qui a analysé et classé les systèmes de retraite de soixante-dix pays dans le monde. «La démographie et les retraites ont été éclipsées par d'autres priorités ces dernières années, en premier lieu le changement climatique et aujourd'hui la lutte contre l'épidémie de la Covid-19», commente Ludovic Subran, chef économiste du groupe Allianz. Selon lui, «désamorcer la crise imminente des retraites et préserver la justice et l'égalité entre les générations sont des éléments-clés pour construire des sociétés inclusives et résilientes. Alors que les politiques façonnent la reprise, n'oublions pas la protection sociale». Soixante-dix pays et leurs systèmes à travers le monde ont été étudiés et chacun s'est vu attribuer une note de 1 à 7 (1 étant la meilleure) définie en «Allianz Pension Index» (API). Ce classement prend en compte les conditions initiales (démographiques et budgétaires), leur viabilité ainsi que leur adéquation au niveau de vie proche de celui d'un actif. Selon cette étude «Euler Hermes – Allianz», la Suède (API de 2,9), la Belgique (2,9), le Danemark (3,0), la Nouvelle Zélande (3,0) et les Etats-Unis (3,0) sont considérés comme les cinq meilleurs systèmes de retraite au monde. «Entre démographie et finances publiques sous pression, le report de l'âge de départ à la retraite et la mise en place de solutions de retraite par capitalisation restent les options privilégiées pour améliorer le système de retraite», indique le rapport. Auteure du rapport, Michaela Grimm reconnaît que «le problème des retraites n'est pas nouveau». Mais, selon elle, «la crise du coronavirus et son lot de nouvelles dettes changent la donne. Une des conséquences de la crise sera certainement que nous devrons redoubler d'efforts pour réformer nos systèmes de retraites. Le peu qui restait de marge de manœuvre budgétaire s'est envolé». Pour le groupe Allianz, «le constat est inquiétant, seule une poignée de pays, dont la Suède, la Belgique et le Danemark, sont prêts pour le choc de la transition démographique». Le modèle français — dont s'inspire l'Algérie — est en berne La France, malgré un système de retraite généreux dont s'inspire l'Algérie, n'accroche que la 51e place avec un API de 4,16 plombé par les paramètres sur sa viabilité financière. Elle est, notamment, devancée par l'Italie qui arrive à la 18e place de ce classement avec un index de 3,39 et se positionne comme premier pays méditerranéen. La France n'arrive qu'à la 11e place dans cette région. Loin derrière Israël (API de 3,51), Malte (3,74), l'Egypte (3,88), la Turquie (3,95), l'Espagne (3,98), la Croatie (4,05), la Slovénie (4,07), Chypre (4,08) et le Portugal (4,12). Seuls la Grèce (4,43), le Maroc (4,47) et le Liban (5,45 et dernier de ce classement mondial) occupent des rangs derrière l'Hexagone. L'analyse de l'index obtenu par la France montre que «les options de politiques économiques qui pourraient améliorer le résultat comprennent l'âge de la retraite, les déductions pour retraite anticipée et l'inclusion d'un facteur démographique dans la formule de la pension de retraite. Ceci est d'autant plus important que la marge de manœuvre budgétaire est contrainte (et plus encore après la Covid-19) et que le vieillissement de la société progresse rapidement : le taux de dépendance des personnes âgées atteindra près de 50% d'ici trois décennies. Ainsi, après la crise de la Covid-19, le débat sur la durabilité du système de retraites devrait revenir sur le devant de la scène politique», précise un communiqué du groupe Allianz. Sur l'indice API des «conditions initiales» — qui prend en compte l'évolution démographique et la situation des finances publiques (marge de manœuvre budgétaire) —, l'étude indique qu'il n'est pas surprenant que de nombreux pays émergents d'Afrique ou d'Asie obtiennent d'assez bons résultats, car leur population est encore jeune et leurs déficits et dettes publics sont relativement faibles. En revanche, de nombreux pays européens comme l'Italie ou le Portugal se classent parmi les moins performants : les populations âgées sont confrontées à des dettes élevées. Synthèse du rapport par Djilali Hadjadj