Au moment où certains hommes politiques ont annoncé la volonté du pouvoir de libérer certains détenus politiques, la campagne d'arrestations des militants et activistes impliqués dans le mouvement populaire se poursuit. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Libérations par-ci, arrestations par-là. Au lendemain de la remise en liberté de 13 détenus arrêtés vendredi dernier par le tribunal de Tizi-Ouzou, après un long procès qui a duré jusque tard dans la nuit de lundi à mardi, le journaliste et activiste de Constantine, Abdelkrim Zeghileche, a été arrêté, hier mardi, par les services de sécurité à son domicile. Les agents en civil ont encerclé sa maison et «certains essayent de lui forcer la porte en tapant violemment avec des coups de pied», a alerté, hier matin, le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), avant d'annoncer, quelques instants plus tard, son arrestation. Il a été conduit, selon la même source, au tribunal de Ziadia qui le placera, dans l'après-midi, sous mandat de dépôt. Abdelkrim Zeghileche, militant très actif à Constantine, est connu pour son opposition au cinquième mandat avant le mouvement populaire du 22 février. Il était membre, avec notamment Amira Bouraoui qui vient d'être condamnée à une année de prison ferme, Soufiane Djilali et Zoubida Assoul, du mouvement Mouwatana créé en juin 2018 pour s'opposer au cinquième mandat. Il est le deuxième membre de ce mouvement à être arrêté en l'espace seulement d'une semaine, après le médecin Amira Bouraoui, condamnée par le tribunal de Cheraga. Ce même tribunal a condamné, hier mardi, l'activiste Zahir Keddam à un an de prison ferme avec mandat de dépôt. Dans un communiqué, le CNLD a dénoncé « des dépassements et violations dans son dossier », signalant que le procès s'est déroulé sans la présence des avocats qui ont quitté le tribunal en raison de l'absence de la juge qui arrivera avec plus de trois heures de retard. Initialement prévu à 8h du matin, le procès sera programmé à nouveau à 12h, « sans en informer les avocats. Arrivés sur place une fois alertés, deux autres avocats du collectif de la défense des détenus ont reçu un rejet de la demande du renvoi du procès, pourtant garanti par la loi, même avec les arguments des avocats pour consulter le dossier à temps», condamne le CNLD qui dénonce un nouveau « scandale judiciaire». L'activiste Rehal Zinedine a, quant à lui, été placé hier sous contrôle judiciaire par le tribunal de Baïnem (Bab-el-Oued). Ces nouvelles arrestations et condamnation sont intervenues au lendemain de la libération de 13 détenus à Tizi-Ouzou poursuivis pour « incitation à attroupement non armé et exposition de la vie d'autrui au danger en temps de couvre-feu sanitaire ». Neuf personnes ont été relaxées, deux ont été condamnées à un an de prison ferme sans dépôt et deux autres à six mois sans dépôt. La 14e personne arrêtée a été condamnée à une année de prison avec dépôt pour «port d'arme blanche», selon le CNLD. La même source a annoncé que la chambre d'accusation près la cour d'Adrar a confirmé, hier mardi, le mandat de dépôt contre le militant Mohand Gasmi, arrêté il y a quelques jours. Dans la wilaya d'El-Bayadh, le parquet a requis deux ans de prison ferme et une amende maximale contre les détenus Boussif Mohamed Boudiaf et Larbi Tahar, a précisé le CNLD. Boussif Mohamed Boudiaf est accusé «d'outrage à corps constitué et circulation et publication de fausses informations pouvant porter atteinte à la sécurité et l'ordre public», alors que Tahar Larbi est accusé «d'outrage à corps constitué, atteinte à la personne du président de la République et de publications Facebook pouvant porter atteinte à l'intérêt national». Pour les observateurs et des acteurs politiques, ces arrestations et condamnations de militants ne contribuent pas à instaurer un climat d'apaisement favorable à la construction d'un Etat de droit. K. A.