Des dizaines d'activistes ont été présentés, hier, devant les tribunaux de plusieurs wilayas du pays. La majorité d'entre eux sont poursuivis pour «incitation à attroupement non armé» et «exposition de la vie d'autrui au danger en temps de confinement sanitaire». Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - L'activiste et médecin Amira Bouraoui, arrêtée mercredi dernier et placée en garde à vue dans une brigade de gendarmerie nationale à Alger, a été présentée, hier, en comparution immédiate devant le juge du tribunal de Cheraga. Le verdict est prononcé tard dans l'après-midi : elle a été condamnée à une peine d'une année de prison ferme. Amira Bouraoui, icône du mouvement Barakat contre le quatrième mandat en 2014 et militante engagée contre le cinquième mandat bien avant le 22 février 2019, est poursuivie, selon l'avocate Zoubida Assoul, pour six chefs d'inculpation. Il s'agit, a précisé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), d'«incitation à attroupement non armé, offense ou dénigrement du dogme ou des préceptes de l'Islam, offense au président de la République par une expression outrageante, injurieuse ou diffamatoire, publication pouvant porter atteinte à l'unité nationale, informations ou nouvelles fausses ou calomnieuses, susceptibles de porter atteinte à la sécurité ou à l'ordre public, incitation à la violation délibérée et manifeste d'une obligation de prudence ou de sécurité édictée par la loi ou le règlement (confinement sanitaire) et exposition de la vie d'autrui ou son intégrité physique à un danger». Le procureur de la République avait requis une peine de 18 mois de prison à l'encontre de la militante. Son arrestation a suscité l'indignation des défenseurs des droits de l'Homme qui ont dénoncé une atteinte aux libertés. Par ailleurs, des dizaines de personnes ont été présentées, durant la journée d'hier, devant les tribunaux de plusieurs wilayas du pays (Béjaïa, Tizi-Ouzou, Tlemcen, Bordj-Bou-Arréridj, Ouargla, Alger, Djelfa, Bouira...). Ces personnes ont été arrêtées lors des manifestations qui se sont déroulées ce vendredi dans quelques villes du pays dans une tentative de reprise des marches du mouvement populaire du 22 février. Dans la wilaya de Béjaïa, pas moins de 32 manifestants sont concernés par ces présentations alors qu'à Tizi-Ouzou, plus de 20 personnes ont été présentées devant le tribunal, selon plusieurs sources. Dans la wilaya de Tlemcen, sept manifestants ont été traduits devant le juge pendant qu'à Ouargla, trois personnes sont concernées. Au tribunal de Sidi-M'hamed, à Alger, plusieurs jeunes arrêtés vendredi ont affirmé qu'ils n'ont aucun lien avec le Hirak, poussant le collectif d'avocats venu les défendre bénévolement à se retirer. Parallèlement à ces présentations, des rassemblements de soutien aux détenus ont été tenus devant différents tribunaux et plusieurs personnes ont été interpellées lors de ces actions de protestation, ont rapporté plusieurs sources. Des militants et organisations ont dénoncé cette nouvelle vague d'arrestations et de traductions des activistes devant la justice. K. A.