Depuis son dernier entretien de Londres en exclusivité au Soir d'Algérie (2 février 2020), les mésaventures judiciaires d'Alexandre Djouhri s'intensifient. Pourtant, les accusations ne sont fondées sur aucune preuve matérielle et le traitement inhumain qu'il subissait à Londres se poursuit en France, faisant fi de la présomption d'innocence. D'abord incarcéré à Fresnes alors que son état de santé critique nécessitait un environnement hospitalier spécialisé, le détenu d'origine algérienne entame immédiatement une grève de la faim. Peu de semaines plus tard, dans cette prison, de nombreux cas de coronavirus sont identifiés. La presse française qualifie ce lieu de détention de «cluster explosif» où un prisonnier âgé de 74 ans et prénommé Mohamed est mort du Covid-19, la deuxième semaine de mars. Certains des gardiens et membres du personnel médical de Fresnes sont contaminés. Particulièrement vulnérable car de santé fragile, à la demande insistante du médecin en chef de la prison, la justice décide de libérer Alexandre, mais sous strict contrôle judiciaire. Il se trouve dans un appartement parisien avec un bracelet électronique et sous haute surveillance GPS. C'est dans ces conditions et avec l'intermédiation d'un ami commun que je reprends attache avec Djouhri. Après les salutations d'usage, je lui propose un projet qui me tient à cœur : «Alexandre, je veux écrire ton histoire en faisant un livre d'entretien avec toi.» Sans hésitation aucune, il me donne son accord. Il me renvoie à son droit de réponse paru dans Le Figaro en 2011 : «Je ne laisserai à personne le droit d'inventer ma vie», où il démonte le livre à charge de Pierre Péan «La République des mallettes» (Editions Fayard). En effet, il veut faire du prochain ouvrage commun une «opération vérité». Il aura des choses à raconter, c'est sa propre vie, que personne ne connaît mieux que lui. Il est père et grand-père, sans aucun antécédent judiciaire, il ne veut que rétablir des faits réels que d'autres livres et des milliers d'articles ont soit ignorés soit tordus, mais toujours à dessein. Au fil des échanges téléphoniques, il étaye le traquenard médiatico-politico-judiciaire qui lui avait été tendu. Le tout à partir d'une lettre de l'homme d'affaires franco-libanais, Ziad Takieddine, adressée à Médiapart, dont les allégations font le lien entre Alexandre et le présumé financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. C'est sur cet article online que se base le mandat d'arrêt international émis sans aucun respect de la convention d'entraide judicaire entre la France et la Suisse où réside Djouhri. Ce même Takieddine vient d'être récemment condamné à cinq ans de prison ferme avec mandat de dépôt pour l'affaire des frégates françaises livrées au Pakistan, dite affaire de Karachi. Parmi les chefs d'inculpation à l'encontre de cet intermédiaire figurent : «faux et usage de faux et faux témoignage.» Cette décision, validée par la justice, devait normalement réduire à néant sa lettre envoyée à Médiapart qui incrimine Alexandre Djouhri. Pourtant Takeddine est toujours en liberté quelque part alors que sa dénonciation de Djouhri reste la pièce principale dans la procédure judiciaire toujours en cours à l'encontre de l'homme d'affaires franco-algérien. Avec une colère peu contenue, il me raconte son premier interrogatoire au mois de janvier dernier avec la juge en charge de son dossier. On lui annonce de but en blanc : Désormais dans votre dossier vous apparaîtrez sous le nom d'Ahmed Djouri ! » Calmement, il lui rappelle que dans ses documents officiels français et dans son passeport algérien seul le prénom d'Alexandre y figure. La juge finit par se conformer à l'état civil de la République française. Sans doute, pour des raisons statistiques, pour ne pas parler de racisme, un prévenu nommé Ahmed est plus pratique. Elle poursuit son interrogatoire en lui posant une question qui lui semble primordiale : «Vous êtes divorcé depuis 2004, comment vous vivez encore sous le même toit avec votre ex-épouse?» Il lui rétorque qu'il ne pouvait pas mettre la mère de ses enfants dans la rue. Alexandre continue au fil des jours à découvrir à ses dépens la face obscure du Parquet national français (PNF). Il me précise : «Pour moi, le PNF sert de 49/3 à l'Exécutif, qui a la volonté de monarchiser une partie de l'institution judiciaire.» Toujours sur une application téléphonique sécurisée, le lendemain, il me rappelle qu'un des juges en charge de l'enquête, Serge Tourenair, s'était déplacé aux frais du contribuable français en Afrique du Sud, en Arabie Saoudite, en Libye, en Malaisie et à Djibouti pour l'incriminer dans l'affaire du financement libyen. Le juge et le PNF, malgré toutes les évidences flagrantes, continuent à poursuivre une chimère. La leur est d'abattre Nicolas Sarkozy. Alexandre Djouhri est un moyen pour y parvenir, doivent-ils penser. Tout au long de ces investigations, Ziad Takieddine, également incriminé dans le dossier du présumé financement libyen, sur décision du juge Tourenair, a non seulement disposé de ses passeports mais il n'a payé aucune caution puisqu'il n'était pas mis sous contrôle judiciare. «Takieddine a certainement passé un accord avec le juge, car en ce qui me concerne j'ai payé 2 millions de livres britanniques de caution et mes deux passeports me sont retirés», s'offusque Alexandre. Si on n'exclut pas pour certains que le Liban c'est presque la France, on pourra parler de traitement discriminatoire, racisme en langage courant. Oui, ce livre, son livre sera bientôt publié. Il parlera également de son ami, Bachir Saleh, ancien directeur de cabinet de Muammar Kadhafi et surtout ancien président de la Libyan African Investment Portfolio (LAP), homme d'une grande culture, polyglotte, francophile et surtout considéré par le Guide comme un véritable homme d'Etat. Bashir Saleh orientait les investissements libyens à l'étranger, un jour arrivant à Genève, il dépose 7 milliards d'euros au Crédit agricole suisse. Alexandre ajoute que son ami libyen est actuellement conseiller de l'émir des EAU, sa mission est de trouver une solution au conflit qui secoue violement l'ancienne «Jamahiriya». Pour Alexandre Djouhri, seule l'Algérie, son pays d'origine, peut et doit jouer un rôle central voire déterminant, dans la résolution de la grave crise libyenne. Il y va de la sécurité du pays. «Je veux à travers cet ouvrage commun apporter certains éclairages susceptibles de contribuer au rayonnement régional de l'Algérie.» Il est entendu que Le Soir d'Algérie aura les meilleures feuilles de ce livre en gestation. Alexandre tient à réserver à la presse de son pays d'origine l'exclusivité de ses révélations. Naoufel Brahimi El Mili