Les règles sanitaires élémentaires pour parer à la propagation du virus de Covid-19 semblent avoir été négligées par la plupart des Algériens. Le port du masque et le respect des gestes barrières sont de plus en plus rares dans la rue et les lieux publics. Une situation qui alarme les professionnels de la santé. Pour eux, seul le recours à des mesures coercitives pourrait ramener les «entêtés» dans le droit chemin. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - C'est le relâchement total des gestes barrières pour se protéger du nouveau coronavirus. Dans la rue et les lieux publics, le port du masque est rare. La plupart des Algériens circulent sans bavette. D'autres optent pour un port de masque de manière aléatoire. Tantôt il pendouille au menton, tantôt il est enfilé au bras. Depuis quelques semaines, très peu de visages sont masqués. La distanciation physique, elle aussi, a presque disparu. La ruée sur les étals des marchés de fruits et légumes et les bousculades dans les rayons des supérettes et épiceries ont repris. Hommes, femmes, enfants, jeunes et moins jeunes, ils se comportent tous comme si la pandémie de Covid-19 a carrément disparu. Dans le marché de Aïn Benian, à l'ouest d'Alger, presque aucun masque ni distanciation physique. Rares sont les marchands qui portent la bavette. Idem pour les clients qui ont renoué avec les bousculades et s'agglutinent devant les commerces. Tous les étals de fruits et légumes sont pris d'assaut. Les boucheries aussi ne désemplissent pas. La plupart des clients se comportent comme si de rien n'était. Pourtant, le virus de Covid-19 est toujours présent et continue de faire des victimes. Cet air d'insouciance règne également dans les supérettes. Ici, les clients sont sommés de porter le masque à l'entrée. «Mettez votre masque ! », ordonne presque le vigile posté à la porte d'entrée de la supérette adjacente au marché communal de Aïn Benian, à un client qui s'aventurait à y accéder sans bavette. Aux caisses, toutes les caissières portent un masque mais la plupart des employés chargés de l'approvisionnement circulent entre les rayons, le visage dénudé. Ils frôlent les clients tout en disposant les marchandises sur les étagères. D'ailleurs, certains clients prennent exemple sur eux et retirent carrément leur bavette. Se plaignant des fortes températures qui règnent à l'intérieur de la supérette, d'autres rabaissent leur masque et poursuivent leurs courses. Tout aussi inconscients, des clients n'hésitent pas à faire le même geste et rabaissent, eux aussi, leur masque pour répondre au téléphone et enchaîner une longue conversation tout en vadrouillant entre les différents rayons à la recherche du produit désiré. Dans ce commerce, la distanciation physique est également ignorée, complètement, sans que les clients soient rappelés à l'ordre par les agents de sécurité. Les étroites allées de la supérette favorisent justement la proximité et les bousculades. Les clients vaquent à leurs occupations et ne se soucient pas du tout du respect de la fameuse distance d'au moins un mètre et demi entre les personnes. A leur comportement, l'on croit que la pandémie de coronavirus a bien disparu. Tout le monde s'y met La quasi-totalité des commerces ignore les instructions des pouvoirs publics portant sur le respect du protocole sanitaire principalement le port du masque et la distanciation physique. Boulangeries, pressings, bureaux de tabacs, ... presque tout le monde a baissé la garde. Depuis quelques semaines, la majorité de ces magasins ne jouent plus le jeu et ont abandonné les gestes barrières. Pourtant, les contrevenants sont passibles d'une amende de 10 mille dinars pour le non-port du masque. Les commerçants, eux, risquent gros, la sanction pouvant aller jusqu'à la fermeture de leur magasin et le retrait du registre de commerce. Aujourd'hui, le laisser-aller dans ces magasins est de règle. Aucun commerçant ne se soucie d'observer les gestes barrières. Ici, les vendeurs ne portent pas de masque. Pis encore, certains d'entre eux se tiennent à l'entrée du magasin souvent en compagnie de deux ou trois personnes, elles aussi sans masque, obstruant presque l'accès. Un comportement qui oblige le client à frôler ce groupe de personnes non-masquées. Toujours est-il, quelques rares commerces restent à cheval sur le respect de ces mesures. Des affiches collées à la porte vitrée de la boutique rappellent la nécessité absolue de porter le masque. A l'intérieur, le vendeur se tient derrière son comptoir, une bavette couvrant son nez et sa bouche. Pour des mesures coercitives Le non-respect du port du masque dans tous les lieux publics et des autres mesures barrières pour éviter que l'épidémie ne reparte suscite l'indignation des professionnels de la santé. Très simples, ces gestes restent, actuellement, le seul moyen efficace pour freiner la propagation de ce virus. Le Pr Salim Nafti, spécialiste en pneumo-phtisiologie, qualifie l'entêtement d'une grande partie de la population et le relâchement constaté de «dramatiques». Pourtant, précise-t-il, «beaucoup le payent lourdement». Rappelant les déclarations du directeur de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) qui évoque une durée de pas moins de deux ans avant que la pandémie de nouveau coronavirus ne disparaisse, le Pr Nafti plaide pour une adaptation à cette crise sanitaire. «Il faudra que l'on s'adapte à cette pandémie, que l'on s'en accommode et que l'on puisse vivre avec, sans que ça puisse nuire à la santé de la population et à l'économie du pays», dit-il. Selon lui, trouver cet équilibre impose le respect de toutes les mesures barrières. Pour ce faire, il estime qu'un certain nombre de lois et des mesures coercitives doivent être mises en place. «Nul n'est au-dessus de la loi, donc il faut les appliquer. Il faut pénaliser tous ceux qui ne respectent pas le port du masque et les gestes barrières. D'ailleurs, la seule manière de faire respecter la loi est d'imposer des amendes», dit-il. Ry. N.