Face à la recrudescence du coronavirus en Algérie, le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière a appelé, une nouvelle fois, la population à l'extrême vigilance et au respect des mesures barrières, afin d'endiguer la propagation du virus. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - «Nous appelons, encore une fois, tous les citoyens à soutenir les efforts déployés pour limiter la propagation de cette épidémie dans notre pays», lit-on dans un communiqué du ministère. Le département invite la population «à respecter scrupuleusement les mesures barrières, à savoir l'hygiène des mains, la distanciation sociale et le port du masque obligatoire en tout lieu et en toutes circonstances». Pour faire appel au bon sens des citoyens, le document rappelle que «l'actuelle situation épidémiologique mondiale du Covid-19 et la relative augmentation des cas dans notre pays interpellent la conscience de tous les citoyens à l'effet de respecter les recommandations relatives aux mesures de prévention pour ne pas mettre en danger leur santé, celle de leur famille et de la société». Après une trêve de quelques semaines, l'évolution de la situation sanitaire en Algérie remue son lot d'incertitudes. Depuis quelques jours, les contaminations quotidiennes adoptent une tendance haussière, bien que le nombre de décès demeure relativement stable par rapport au début de la pandémie. Peut-on à ce stade présager une amélioration ou une détérioration de la situation sanitaire en se fondant sur le nombre de cas journalier ? Pas si sûr, selon les spécialistes qui estiment que «l'Algérie ne teste pas suffisamment». Ils expliquent d'ailleurs que la baisse ou la hausse des contaminations reste tributaire du nombre de tests réalisés au quotidien. Défendant cet angle, le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp), docteur Lyès Merabet, appuie même que c'est l'un des indicateurs essentiels qui permet d'évaluer objectivement la situation sanitaire. «À l'heure qu'il est, nous n'effectuons pratiquement plus de tests», s'est-il inquiété, rappelant que «nous testions déjà très peu avant». Il signale qu'au début, «on justifiait cela par des problèmes d'ordre logistique», soulignant qu'à ce moment, «un seul laboratoire était habilité à faire ce genre d'analyses». Chose qui n'est pas normale, dit-il, en sachant que l'Algérie a déjà été confrontée à pareille situation. Le syndicaliste dénonce, par conséquent, ce recours systématique au bricolage. «On aurait dû multiplier les centres d'examen et les laboratoires d'analyses depuis bien longtemps», du moins, au niveau des grandes agglomérations, fulmine-t-il. Plusieurs mois après la manifestation des premiers cas positifs au Covid-19, l'Algérie compte près de 30 laboratoires et centres spécialisés dans la réalisation des tests de dépistage du virus. Toujours est-il que le manque de moyens fait que l'efficacité de ces centres soit réduite. Lyes Merabet fait savoir à ce propos que «cela demande toute une équipe pour le prélèvement ainsi que le réactif nécessaire pour faire démarrer une machine de laboratoire». Par ailleurs, la baisse du nombre de contaminations enregistrées les semaines précédentes revient en partie au fait que l'on ne teste pas assez la population. Le président du Snpsp avancera, en revanche, que «la situation s'est beaucoup améliorée depuis le mois de mars dernier, avertissant toutefois que «le calme est toujours relatif». Preuve en est, «nous assistons ces derniers jours à une hausse plus ou moins manifeste des contaminations». Imputant cet état de fait à l'impact d'une saison estivale qui a tardé à commencer et donc à se clôturer à cause du confinement. Le professeur Mohamed Yousfi, chef du service des maladies infectieuses à l'EPH de Boufarik, a également établi la corrélation entre la baisse du nombre de cas constatée dernièrement et la cadence de réalisation des tests. Selon lui, nous testons peu. Logiquement, le nombre de cas positifs diminue. Encore une chose importante, «nous ne testons que les malades qui se présentent dans les structures de soins», fait-il ainsi observer. Quant à la recrudescence des contaminations depuis quelques jours, le docteur Yousfi l'attribue au «relâchement» constaté en matière de respect des mesures barrières. M. Z.