La belle série des Verts se poursuit. Malgré des soucis dans la concrétisation d'une suprématie qui paraît (sur le papier du moins) évidente mais que la réalité du terrain ne reconnaît pas. Et le Zimbabwe a bien fait de le rappeler à Belmadi et ses champions d'Afrique. Gagner même en étant moyen voire en difficulté, semble faire partie des nouveaux fondements de l'équipe d'Algérie. Il y a un an, au Botswana, face à un adversaire très limité et qui a terminé le match à dix, les Verts ont souffert pour prendre les trois points. Belmadi avait déjà admis que, pour un team de l'envergure de l'Algérie sacrée en Egypte, tous les matchs seront des batailles rangées où il n'est plus question de simuler mais de livrer des combats sans merci. Durs physiquement et mentalement. Jeudi, dans un jardin qu'ils retrouvaient dans une rencontre officielle après plusieurs années de «fuite», les camarades de Mahrez ont semblé «écrasés» par la peur de mal faire. Même en l'absence du public du temple d'Alger réputé pour ses exigences extrêmes. Une demi-heure durant, Bounedjah et compagnie ont présenté une copie semblable à ces productions alignées sous Madjer. Poussifs, imprécis voire maladroits, Brahimi et compagnie n'ont pu inquiéter les Warriors, plus compacts, plus combatifs et mieux disposés sur le terrain. Très à l'aise physiquement, remportant tous les duels sol-air, les Zimbabwéens ont été également «surprenants» sur le plan technique. C'est eux qui allumaient les premiers les bois du stade. A peine deux minutes que Khama Billiat obligeait M'Bolhi à sortir une parade miraculeuse dont il a le secret. La paire centrale Mandi-Tahrat flottait et les couloirs Helaïmia- Bensebaïni montraient des signes de fébrilité plus qu'inquiétants. L'entrejeu tenu par Abeid et Bennacer n'était pas, non plus, au mieux surtout que Feghouli s'engouffrait dans la «jungle» zimbabwéenne où il n'apparaîtra qu'à la demi-heure passée. Suffisant pour réveiller Bounedjah et son sens de buteur. Une frappe glissante du sociétaire de Galatasaray est relâchée par le portier visiteur dans le plat du pied de l'attaquant d'Al-Sadd. Les Verts sont enfin dans le match et leur capitaine, Mahrez mal accompagné par un Helaïmia à l'arrêt, se mettait enfin au travail. Un éclair, un centre au cordeau et ce crâne de Feghouli qui reprend. L'Algérie retrouve son efficacité à défaut d'une emprise totale. Le déséquilibre défensif serait-il derrière l'attitude toute en retenue des deux autres compartiments ? Probable. A la fin du match, Belmadi notait bien la difficulté de trouver des intervalles. Certainement par manque de coordination et de l'absence d'implication des hommes du couloir, notamment Helaïmia à droite. L'ancien défenseur du MCO avait peur de s'engager et quand le courage lui revenait il faisait du grand n'importe quoi. Une deuxième mi-temps plus maîtrisée... Mais sans jamais faire la différence. Les Verts qui ont su tenir tactiquement leurs vis-à-vis seront toutefois moins dangereux. La possession est la leur mais dans les 25 derniers mètres, la dangerosité de Bounedjah et consorts faiblissait incroyablement. Les joueurs du Zimbabwe ont joué encore plus bas que lors de la première mi-temps. Sans vraiment subir. Leur coach croate, Zdravko Logarusic a préféré opter pour le contre en dépit du retard pris dans le tableau d'affichage laissant aux Algériens le monopole du cuir. Une domination stérile jusqu'à cette fatidique percée victorieuse de Mahrez qui, s'appuyant sur Bounedjah, réalisera un petit bijou devant une arrière-garde zimbabwéenne laxiste. Avec trois buts d'avance, les Verts avaient déjà la tête sur le match de lundi prochain à Harare durant lequel il sera question de composter définitivement leur qualification à la prochaine phase finale. Une perspective qui fera perdre la concentration à l'équipe de Belmadi, remaniée profondément aussitôt le troisième but inscrit, ce dont profitera Kadewere, parti dans le dos de la défense algérienne, pour lober M'Bolhi et signer la première banderille des Warriors. Etait-il parti en position de hors-jeu ? En l'absence d'images édifiantes de la télévision nationale qui a déployé pourtant seize caméras, difficile de l'affirmer. La fin du match sera cette copie de ce scenario inédit avec des visiteurs qui tentaient de réduire la marge et des Algériens davantage brouillons avec des apports inopérants de la part du quintet incorporé par Belmadi. Aribi, Zerkane, Ounas, Benlamri ou encore Guedioura n'ont pas apporté cette plus-value à un groupe Algérie visiblement rassasié et qui avait déjà la tête vers le rendez-vous de lundi à Harare. Une autre étape cruciale dans la chasse engagée par Belmadi et ses poulains. La victoire, même acquise à la force du jarret, doit en appeler de nouvelles conquêtes ! M. B. Déclarations-express Djamel Belmadi (sélectionneur de l'EN d'Algérie) : «pas une performance accomplie» «Lors de la première période, l'adversaire a joué en bloc compact assez bas, tout en procédant par des contres. C'était difficile pour nous à trouver les espaces et les intervalles. Il fallait attaquer et essayer de marquer, tout en restant vigilants en défense. Dieu merci, nous avons marqué deux buts avant la pause. J'ai demandé aux joueurs de presser encore, ce qui nous a permis d'inscrire le troisième but. Le Zimbabwe a changé son système en mettant deux attaquants devant, ils nous ont vraiment pressés. Nos joueurs n'ont pu ressortir le ballon comme il se doit, ce qui constitue à mon sens le point noir de la deuxième période. On aurait dû tuer le match, j'aurai aimé une performance accomplie de la part de mes éléments. L'adversaire était difficile à manier, ils ont de bons éléments. Concernant les débuts d'Aribi et Zerkane, nous devons être patients avec eux. La concurrence est toujours bonne pour l'équipe nationale. Nous cherchons à sceller notre qualification dès notre prochain match (lundi prochain face au Zimbabwe à Harare, ndlr), pour permettre aux joueurs de se relâcher par la suite et jouer sans pression.» Kheireddine Zetchi (président de la FAF) : «l'EN était concentrée» «Félicitations pour l'équipe nationale après cette troisième victoire de suite dans les qualifications. Le match était loin d'être facile pour nous, notamment lors de 20 premières minutes. L'équipe nationale était bien concentrée, même si en face, le Zimbabwe a démontré de belles choses. L'ouverture du score a permis aux joueurs de se relâcher et d'aborder la suite avec plus de facilité. Nous visons un bon résultat à Harare pour assurer notre qualification. Ma candidature au Conseil de la fédération internationale (Fifa), est avant tout celle de l'Algérie. Je souhaite que tout le monde soit derrière cette candidature, et permette ainsi à notre pays de retrouver sa place au sein des instances internationales.» Djamel Benlamri (défenseur de l'EN d'Algérie) : «il n'y a plus de sélection faible» «Le match était difficile face à une équipe qui a bien quadrillé le terrain. Depuis notre consécration africaine en 2019, toutes les équipes cherchent à nous battre. Il n'y plus de sélection faible en Afrique. C'est une victoire importante qui nous rapproche davantage de la qualification. Dans un registre personnel, je souffrais d'une légère blessure à la cheville. Je remercie le staff médical qui m'a aidé à me remettre. Je vais poursuivre les soins pour être à 100% de mes moyens.» Tino Kadewere (attaquant du Zimbabwe) : «nous devons réagir» «Nous avons affronté une grosse équipe algérienne, ils sont champions d'Afrique. Je pense que nous avons réalisé un bon match malgré la défaite. Maintenant, nous devons réagir dès le prochain match chez nous, et essayer d'aller décrocher cette deuxième place qualificative. Nos chances sont intactes, on fera tout pour y parvenir.» La Zambie s'impose face au Botswana Une première dans ce groupe H : la Zambie a glané jeudi au «National Heroes Stadium» de Lusaka ses trois points en prenant le meilleur de la sélection du Botswana coachée par l'Algérien Adel Amrouche (2-1). Les Chipolopolos ont été pourtant surpris dès la 44e par les visiteurs qui ouvriront la marque par l'entremise de Tumisang Orebonye. Ils réagiront immédiatement grâce à Enock Mwepu. Les Zèbres reprendront la seconde période sur les mêmes bases mais manqueront d'efficacité devant les buts adverses. Ils paieront cash ce manque de réalisme quand Collins Sikombe, servi par Fashion Sakala donnera l'avantage aux siens sous un ciel pluvieux (67'). Sakala aura même l'opportunité de donner de l'ampleur au succès des Zambiens quand sa reprise de la tête manquera de peu le cadre des bois adverses (85'). La Zambie se trouve grâce à cette victoire à la 3e place à une unité seulement derrière le Zimbabwe. Le Botswana est lanterne rouge avec un point, loin derrière l'Algérie (1re, 9 points). M. B. Départ hier à Harare Après quelques heures de sommeil réparateur, les Verts ont pris le vol hier matin en direction de Harare qu'ils devaient rallier en fin de journée. La délégation a quitté Alger à bord d'un appareil de la compagnie nationale Air Algérie. Les Zimbabwéens qui ont pris un autre vol (Alger-Paris-Harare) doivent atterrir sur le tarmac de l'aéroport international Robert-Mugabe aujourd'hui. M. B.