La réglementation de change de la Banque d'Algérie bloque les exportations. C'est ce qu'assure l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal). Selon son président, la position de la Banque d'Algérie qui insiste sur le maintien de la recette exportation, dissuade les exportateurs. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - L'Algérie s'attelle depuis quelque temps à la préparation d'une stratégie visant à booster l'exportation. Aujourd'hui, elle est en voie de finalisation, affirme le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal). Malheureusement, poursuit-il, «la Banque d'Algérie maintient que la recette exportation lui revient et n'appartient pas à l'exportateur». Déplorant cette position sur laquelle campe la Banque d'Algérie, il assure que cette condition n'encourage pas du tout les exportateurs. «Ce n'est pas la Banque d'Algérie qui exporte et ce n'est pas le gouvernement qui exporte. C'est l'entreprise qui exporte», a-t-il précisé hier sur les ondes de la Radio Chaîne 3. Ali Bey Nasri est d'ailleurs convaincu que si la Banque d'Algérie ne change pas de position, il n'y aura pas d'investissements. «S'il n'y a pas d'intérêts pour les exportateurs, ils n'iront pas vers l'exportation. Nous ne demandons qu'à avoir les mêmes moyens que les autres pays. Nous avons même proposé la notion de partage de la valeur ajoutée», dit-il. Selon lui, il y a un syndrome de la devise à l'export mais pas à l'import. «Les importateurs ne sont pas dans les radars de la Banque d'Algérie, mais les exportateurs si. Tout retard de rapatriement va directement à la Banque d'Algérie. Les exportateurs sont actuellement ligotés. Certains d'entre eux reçoivent des mises en demeure les menaçant de l'ordonnance 96-22 qui est celle de la porte de la prison», explique-t-il. L'invité de l'émission estime que l'Algérie n'avancera pas avec une telle réglementation de change. Pourtant, «nous avons besoin d'aller investir en Afrique», dit-il. Il cite ainsi l'exemple de la sous-traitance, un domaine où l'Algérie compte des capacités très importantes. «Il y a des entreprises qui ont une expertise en sous-traitance à faire valoir en Afrique. Idem pour les services, mais la réglementation de change nous en empêche». Evoquant le transport, il rappelle que 97% de notre fret est assuré par des étrangers. «Ce n'est pas normal que l'essentiel de notre blé soit transporté par des navires étrangers. Nous ne pouvons pas continuer comme ça ! Cela relève de la sécurité de notre pays», fait-il remarquer. Le président de l'Anexal affirme, par ailleurs, que l'accord d'association avec l'Union européenne est un «échec». Pour lui, il est temps de passer à «une deuxième génération» de cet accord «plus profond». «L'Algérie est trop impliquée pour supprimer l'accord d'association avec l'Union européenne. Il faut donc le revisiter et aller dans le sens d'un équilibre profitable pour notre pays et voir comment l'Algérie peut partager les richesses et s'insérer dans la nouvelle définition d'une chaîne de valeurs internationales», dit-il. Il regrette, à cet effet, que nous n'ayons pas construit l'attractivité de notre pays. Une situation qui se traduit, selon lui, à travers une instabilité juridique, un cadre répulsif avec notamment une législation des changes défavorable, la bureaucratie et la corruption. Ry. N.