La campagne de vaccination contre la Covid-19 en Algérie est imminente. Va-t-elle signer la fin du protocole sanitaire et des mesures de restriction mises en place ? Le port du masque et le respect de la distanciation sociale feront-ils enfin partie du passé ? Serait-il possible de reprendre une vie «normale» prochainement ? Autant de questions qui taraudent l'esprit des Algériens auxquelles répondent des experts. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le lancement de la campagne de vaccination contre la Covid-19 en Algérie ne va pas tarder. Ciblant d'abord les personnes «prioritaires», cette campagne vise à atteindre l'immunité collective de la population. Mais ce vaccin va-t-il permettre de retrouver la vie d'avant la crise sanitaire ? Les gens pourraient-ils enfin se réunir sans masques, aller au restaurant, assister à des cérémonies, voyager librement ? «Pas de sitôt», répond le Dr Lyes Merabet. Pour lui, la vaccination est, certes, un début de sortie de la crise sanitaire mais nécessite du temps. Une solution qui dit-il, risque de s'étaler jusqu'à la fin de l'année 2021 puisque «la vaccination est tributaire des quotas de vaccins». Il estime qu'il faudrait d'abord que la campagne de vaccination puisse démarrer et toucher le maximum de la population cible. Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) souligne, toutefois, que l'immunité est provoquée par la vaccination mais elle est aussi acquise à travers la maladie. «Le plus important est d'atteindre un taux d'immunité croisée de minimum 70%, entre celle procurée par la vaccination et celle développée après contamination par le virus», soutient-il. Néanmoins, il insiste sur le maintien du protocole sanitaire et le respect des gestes barrières. Selon lui, ces mesures doivent aller parallèlement avec la campagne de vaccination jusqu'à ce que «le profil immunitaire soit satisfaisant et protège l'ensemble de la population». Dr Merabet précise à cet effet, qu'aucun des vaccins mis au point jusqu'à présent n'éliminerait le risque de contamination. «La contagion pourrait continuer à évoluer, puisqu'une personne vaccinée peut être porteuse du virus et le transmettre à d'autres personnes», explique-t-il. Raison de plus pour lui, pour maintenir les mesures barrières. «Nous sommes obligés de maintenir le protocole sanitaire et les mesures barrières ainsi que le dépistage. Il faut également maintenir une veille sanitaire aux frontières, capable de dépister les cas positifs», conclut-il. Le spécialiste en pneumo-phtisiologie, Pr Salim Nafti, précise, pour sa part, que le vaccin n'est pas un traitement. Il rappelle que le Sars-CoV-2, virus responsable de la Covid-19, est toujours là. «Si nous ne vaccinons pas 70% de la population, la circulation du virus continuera à se faire», dit-il. L'ancien chef de service de la clinique des maladies respiratoires au CHU Mustapha-Pacha évoque, d'ailleurs, l'efficacité du vaccin anti-Covid-19 et l'immunité qu'il procure. «Cette immunité sera-t-elle longue ou éphémère ?», s'interroge-t-il, avant d'ajouter : «Nous avons tout intérêt à respecter les gestes barrières et à continuer à être confinés, même si toutes ces mesures ont des répercussions sociales et économiques importantes». L'Organisation mondiale de la santé (OMS) exhorte de son côté, à «faire preuve d'un peu de patience», puisque l'immunité collective ne pourra être atteinte en 2021. Et d'expliquer que le déploiement de milliards de doses de vaccins va prendre du temps. Elle met en garde également contre un «potentiel faux sentiment de sécurité dû au déploiement des vaccins». Une inquiétude qu'elle justifie par la circulation mondiale du variant identifié en Grande-Bretagne, d'une contagiosité accrue. Ry. N.