Le vaccin contre la Covid-19 suscite une vive polémique sur son efficacité et ses éventuels effets secondaires indésirables. Même sa composition a été mise en doute par les islamistes. Le ministère des Affaires religieuses s'est cru ainsi obligé d'émettre une fatwa pour rassurer la population sur la conformité de la composition de ce vaccin à la Charia. Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Entre ceux qui adhèrent à la vaccination pour acquérir l'immunité contre le Sars-CoV-2, virus responsable de la pandémie de Covid-19, et ceux qui la rejettent, la polémique s'est installée depuis plusieurs semaines, et augmente de jour en jour en prévision de l'arrivée des doses. La plupart des réfractaires au vaccin anti-Covid-19 justifient leur position par la célérité avec laquelle il a été mis au point. Pour eux, ce produit «n'est pas sûr». Leurs craintes sont motivées par la théorie des «cobayes», en l'absence de suffisamment de recul sur les effets secondaires indésirables que pourrait engendrer ce vaccin. La résistance la plus acharnée a été constatée chez les islamistes. Toujours aussi extrémistes, ils exploitent le terrain du non-halal et mettent ainsi en doute la composition du vaccin contre cette pandémie. S'exprimant sur des plateaux de chaînes de télévision satellitaires, certains d'entre eux s'adonnent à des allégations infondées et tentent de dissuader les citoyens à se faire vacciner. Selon eux, le vaccin choisi par l'Algérie contient des intrants «haram» et non conformes au rite musulman. Le secrétaire général de la Coordination nationale des imams et des fonctionnaires des affaires religieuses, Djelloul Hadjimi, a exigé dans ce sens, au ministère de la Santé et au Comité scientifique de suivi et de l'évolution de l'épidémie de coronavirus de dévoiler la composition du vaccin anti-Covid-19 commandé. Cette démarche , estime-t-il, permettra de «lever la suspicion et de rassurer les musulmans». Toute cette réticence envers le vaccin contre la Covid-19 inquiète les experts. Le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de coronavirus ne cesse depuis des jours de rassurer la population. Le Pr Ryad Mahyaoui, membre du comité, s'étonne d'ailleurs de constater que les Algériens ont plus peur du vaccin que du virus Sars-CoV-2 lui-même. Le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs vient à la rescousse. Il s'est, à son tour, impliqué et a émis une « fatwa » pour apaiser les esprits et lever la crainte des conséquences du vaccin chez une grande partie des citoyens. Insistant sur la nécessité de la vaccination contre la Covid-19, il affirme que les vaccins disponibles ne contiennent pas de composants «prohibés par la Charia». «La commission ministérielle de la fatwa au ministère des Affaires religieuses s'est réunie avec le porte-parole du Comité scientifique, Djamel Fourar, qui a apporté des clarifications et présenté un ensemble de données scientifiques confirmant que la vaccination contre la Covid-19 était indispensable pour faire face à la pandémie, et les vaccins disponibles ne contenaient pas de composants prohibés par la Charia», précise-t-on dans un communiqué rendu public jeudi dernier. La commission ministérielle de la fatwa appelle ainsi les Algériens à se soumettre aux recommandations des services sanitaires, notamment se faire vacciner selon les procédures et programmes tracés, «conformément aux dispositions de la Charia qui prône le traitement en reconnaissant l'existence d'un remède à toute maladie». Mettant en garde contre «toutes les sources qui tentent de remettre en cause la fiabilité du vaccin», elle a préconisé de «recueillir les informations médicales et les avis de jurisprudence auprès des juridictions scientifiques officielles et fiables». Aujourd'hui, la lutte contre toutes ces craintes et ces suspicions sera inévitablement une partie intégrante de la campagne de vaccination contre le nouveau coronavirus. Ry. N.