Officiellement entamée depuis dix jours, la campagne de vaccination contre le Covid-19 peine à dépasser le stade du lancement symbolique. Les quantités de vaccin reçues jusque-là par l'Algérie n'ont pas encore permis de toucher l'ensemble des populations cibles. Avec les 100 000 doses réceptionnées, il est tout juste possible de vacciner 50 000 personnes. «Dérisoire !» commente le Dr Lyès Merabet qui dit espérer voir la cadence s'accélérer pour éviter que la campagne de vaccination ne s'essouffle. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - La course contre la montre pour l'acquisition des vaccins gagnée in extremis, les pouvoirs publics doivent maintenant faire face à un autre défi, celui de réussir la campagne de vaccination contre le Covid-19. Lancée samedi dernier, cette dernière est loin d'avoir atteint sa vitesse de croisière. Et pour cause, les professionnels de santé qui sont sur le terrain sont formels : il ne s'agit là que d'un lancement purement officiel. C'est ce qu'explique le Dr Lyès Merabet qui estime que «ce qui a été fait pour l'instant, c'est le lancement officiel de la campagne. C'est désormais installé dans l'esprit de la population et des professionnels de la santé mais, sur le terrain, par rapport à l'organisation et à la disponibilité, il y a des soucis». Le président du Syndicat national des praticiens de santé public (SNPSP) explique : «Nous en sommes aux premières quantités qui ont été ramenées et distribuées. Il faut rappeler que ces quantités englobent les deux injections puisqu'il faut deux doses par personne. Donc, si on a 100 000 doses de vaccins de Spoutnik V et de AstraZeneca, c'est pour 50 000 personnes réparties sur tout le territoire national et pour l'ensemble des populations cibles. C'est dérisoire ! Il faut savoir également qu'il est admis que lorsqu'il s'agit des vaccins multidoses, il y a toujours un taux de perte estimé entre 5 et 15%.» Quelle solution pour lancer effectivement la campagne de vaccination ? «Nous espérons voir arriver d'autres quantités, sans compter que si le vaccin est effectivement fabriqué en Algérie, il sera possible d'alimenter les structures de santé plus rapidement et régulièrement pour que l'opération se déroule dans de meilleures conditions, et surtout pour pouvoir clore la campagne le plus tôt possible, puisque si cette derrière s'éternise, il sera difficile de maintenir un même niveau d'adhésion, de sensibilisation et de mobilisation», répond le Dr Merabet. Jeudi dernier, le directeur de l'Institut Pasteur assurait que si «le plus important est de commencer», l'objectif restait néanmoins l'augmentation de la cadence. Pour ce faire, il faudrait que l'Algérie réceptionne davantage de vaccins. Jusque-là, 50 000 doses du vaccin russe Spoutnik V sur une commande totale de 500 000 unités ont déjà été réceptionnées. A cela s'ajoutent les 50 000 doses du vaccin anti-Covid développé par AstraZeneca en collaboration avec l'université d'Oxford. La directrice générale de la pharmacie au ministère de la Santé affirme que le pays réceptionnera entre 700 000 et 800 000 doses du vaccin AstraZeneca d'ici la fin février. Entre 12 et 16 millions de doses de vaccins anti-Covid seront également fournies grâce au système Covax sans qu'aucune date soit avancée. Pour atteindre l'immunité collective, les autorités sanitaires ont fixé un seuil maximal de 40 millions de doses. C'est dire que le quota espéré est loin d'être atteint et que la campagne de vaccination risque de s'étaler encore plus longtemps que prévu. N. I.