L'Institut français d'Alger abrite, jusqu'au 18 mars, une exposition d'arts plastiques en collaboration avec la galerie Le Paon. Intitulée «Renouveau», l'exposition qui réunit trois artistes-peintres : Fatma-Zohra Bouaouni, Rezki Zerarti et Abdelhalim Sellami a été organisée par la galerie le Paon, fondée et dirigée par Amel Mihoub et délocalisée dans les locaux de l'Institut français d'Alger, dans le but de «permettre la consécration de la culture du partage et de la solidarité sous la couverture de l'art, en ces temps de Covid-19 et qui, sans aucun doute, démontre encore une fois le rôle primordial et vital que l'art a joué pour surmonter les moments difficiles de cette crise sanitaire, à l'échelle nationale et internationale», explique l'initiatrice de l'événement. Participant avec cinq toiles chacun, les artistes s'inscrivent dans une démarche contemporaine et proposent une diversité de regards et de styles allant de l'inspiration africaine au pop-art. Rezki Zerarti, dont le parcours remonte aux années 1960 et dont l'œuvre a toujours suscité l'intérêt des critiques, à commencer par Jean Sénac, est présent avec des tableaux aux tonalités africaines, une esthétique qui a marqué son œuvre depuis les débuts. Des lignes épaisses et de l'atmosphère ocre naissent des personnages quasi iconiques oscillant entre mythologie et questionnements modernes. Une toile intitulée La femme au foyer représente un visage féminin enfermé dans ce qui ressemble à une amphore tandis que le corps est distordu par des formes claustrales. Entre abstraction et figuration, le travail de Zerarti demeure reconnaissable avec un geste créatif toujours aussi méticuleux et tout aussi libre. Originaire de Touggourt, Abdelhalim Selami finit ses études à l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger en 2012. Il enchaîne les expositions depuis 1993 et ses tableaux ornent les murs de plusieurs institutions dont l'Assemblée populaire et la Présidence. Pour cette exposition, il propose une cuvée datant de 2018 où on retrouve un langage plastique très codifié et gorgé de références africaines et mystiques. Des silhouettes de femmes drapées dans leurs tenues sahariennes, des symboles spirituels et des esquisses architecturales sont le triptyque central du style de Sellami. Il en ressort à la fois un raffinement formel admirable, un sentiment de sérénité et de plénitude introduit par la forte présence d'une iconographie ésotérique. Pour sa part, la jeune plasticienne Fatma-Zohra Bouaouni, qui affirme puiser son inspiration aussi bien dans le patrimoine et la culture populaires que dans les scènes de vie quotidiennes, nous vient avec une série de toiles aux couleurs vives dont le style évoque une sensibilité cubiste. À la fois complexes et épurés, ses tableaux oscillent entre urbanité et tradition : on y croise tantôt des mosaïques architecturales lumineuses, tantôt un portrait de deux musiciennes, tantôt une fresque urbaine où fusionnent, dans un même élan, femmes et édifices. Pour rappel, l'Institut français d'Alger abrite également jusqu'au 31 mars une exposition dans sa médiathèque, intitulée «Dis-moi dix mots semés au loin», dédiée à la Journée internationale de la francophonie et mettant en avant des vocables français utilisés tels quels dans d'autres langues. Sarah H.