Le climat est tendu sur le front social. Plusieurs grèves et mouvements de protestation dans quelques secteurs, comme l'éducation, la santé, les finances et l'enseignement supérieur sont annoncés pour les prochains jours. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Au climat politique, social et économique délétère, s'ajoute le bouillonnement sur le front social avec l'annonce de débrayage des fonctionnaires de plusieurs secteurs dont les plus névralgiques, à savoir la santé et l'éducation et ce, à la veille du mois de Ramadhan. L'entame sera donnée dès aujourd'hui par les travailleurs des Impôts qui lanceront un mouvement de protestation qui s'étale sur trois jours, pour demander l'amélioration des conditions de travail et faire sortir le secteur du giron de la Fonction publique. Initié par le Syndicat autonome des fonctionnaires des impôts (Safi), qui menace de durcir son mouvement, les fonctionnaires comptent paralyser le secteur pendant trois jours pour se faire entendre. Les employés de ce secteur avancent une plateforme de revendications de 12 points. Ils exigent, entre autres, l'application de la loi organique et du système compensatoire en souffrance, affranchir le secteur des Impôts de la Fonction publique, la numérisation totale du secteur, le versement de la prime relative au FRC (fonds de revenu complémentaire), la révision du code fiscal, l'ouverture de nouveaux centres de proximité, en restaurant les anciens et en finalisant les projets en chantier. Au troisième jour de la grève des travailleurs des impôts, soit mercredi, une autre grève est prévue dans le secteur de l'éducation. En effet, la Coordination nationale des enseignants du primaire a décidé de renouer avec la protestation dès ce mercredi, pour réitérer les revendications portées déjà en 2019, avec une paralysie cyclique du cycle primaire. En plus du boycott des cours, la coordination a appelé à des rassemblements devant les différentes Directions de l'éducation des wilayas. Les enseignants du primaire, qui se considèrent comme les plus vulnérables du secteur de l'éducation, mettent en avant la modification du statut particulier, l'augmentation des salaires jugés « misérables », l'application immédiate du décret présidentiel 266-14, avec effet rétroactif depuis sa promulgation en 2014, et la création de nouveaux grades d'enseignants pour les matières scientifiques, littéraires et l'éducation physique. Ils demandent également de détacher les écoles primaires des communes qui assurent leur gestion, et les rattacher au ministère de l'Education nationale. Le secteur de l'enseignement supérieur risque, lui aussi, de connaître des remous. Les étudiants, en colère suite à l'interpellation de Abdenour Aït Saïd, lors de la marche de vendredi, promettent de bloquer les campus si ce dernier n'est pas libéré. Plusieurs étudiants ont fait, hier, le déplacement au tribunal de Sidi-M'hamed pour réclamer sa remise en liberté. Les étudiants de l'université de Bab Ezzouar où Abdenour Aït Saïd suit ses études, ont commencé à s'organiser et menacent de boycotter les examens. Ils ont tenu un sit-in de soutien hier à l'intérieur de l'université, en attendant les suites à donner à l'affaire. Le secteur de la santé n'est pas en reste de ce bouillonnement qui s'empare du front social. Ainsi, le personnel médical, offusqué par les retards enregistrés dans le versement des primes liées à la Covid-19, menace d'organiser des rassemblements cette semaine devant les Directions de la santé des wilayas pour exiger le versement des troisième et quatrième tranches de ces primes exceptionnelles. Les syndicats activant dans le secteur avaient déjà mis en garde contre ces retards qui démotivent les personnels. Cette ébullition sur le front social, à la veille du mois de Ramadhan, s'ajoute à la flambée des prix de la majorité des produits de première nécessité, mettant les citoyens dans une situation des plus délicates. K. A.