Les analyses et perspectives sur le futur immédiat du marché pétrolier n'en finissent pas de s'entrechoquer, laissant des pays producteurs dont l'économie en dépend presque exclusivement, à l'instar de l'Algérie, suspendus aux cours et aux nouvelles qui alimentent un marché peut-être jamais autant sensible que depuis une année maintenant. Les pays membres de l'Opep et leurs dix alliés conjoncturels menés par la Russie ont donc décidé, à partir du mois prochain, de revoir à la hausse le quota de production de chaque pays pour commencer à en finir avec les coupes de production initiées afin de stopper l'inouï déséquilibre des fondamentaux du marché induit par la pandémie. Une décision qui verra l'Algérie autorisée dans un premier temps d'augmenter à partir du mois prochain sa production de 11 000 barils/jour puis 14 000 barils/jour en juin et en juillet, comme stipulé par l'accord scellé au tout début de ce mois. Une augmentation du quota dont il est permis de douter que l'Algérie parviendra à atteindre eu égard aux difficultés de production qu'elle rencontre depuis bien avant l'avènement de la pandémie, ratant ainsi des opportunités d'engranger des revenus qui n'auraient pas été et qui ne seront pas de trop pour les finances du pays. Et dire que le pétrole de référence algérien, le Sahara Blend, est parmi ceux qui s'apprécient le mieux sur le plan du prix depuis la remontée de la fin de l'été dernier, passant de 42,59 dollars le baril en novembre dernier à quasiment 50 dollars le baril un mois plus tard puis au prix moyen de 65,76 dollars le baril, le mois dernier. Une belle éclaircie sur tous les plans sauf, et ce n'est sans doute pas le moindre, celui de la production, malheureusement pour l'Algérie. Les difficultés de production se poursuivant et intervenant au moment même où les perspectives et analyses optimistes, certaines frisant même l'euphorie, sur le futur immédiat du marché pétrolier se succèdent et rivalisent en optimisme, allant du fameux «super cycle» qui verra le prix du pétrole flamber jusqu'à flirter avec les 100 dollars le baril comme le suggèrent deux institutions financières parmi les plus influentes de Wall Street, JP Morgan et Goldman Sachs en l'occurrence, aux prédictions beaucoup plus mesurées à l'instar de celles de l'AIE qui, comme annoncé en février dernier déjà, voit la demande s'accélérer au second semestre, soutenue par des perspectives économiques plus favorables. Un peu l'avis que partage l'Opep qui s'attend à un retour de la demande mondiale qui pourrait s'améliorer de 6 millions b/j, soit une demande de 96,5 millions b/j cette année après avoir plongé à 90,5 mb/j durant la singulière année dernière. La conjoncture est encore chargée en incertitude certes, mais le baril de pétrole retrouve peu à peu la voie de la rédemption qui, sans aller jusqu'à lui prédire un «super-cycle», comme le soutiennent les analystes de Goldman Sachs et JP Morgan, d'autres institutions agréent l'idée de la fin du cauchemar pour les producteurs et les investisseurs, à l'instar des analystes de l'Oxford Institute of Energy Studies (OIES) qui affirment que «les marchés ne se dirigent pas vers un nouveau super-cycle pétrolier et 100 dollars le baril de pétrole sont encore une possibilité très lointaine, à moins que des chocs de marché majeurs imprévus ne se produisent» dans leurs analyses mensuelles publiées il y a une dizaine de jours en expliquant que «malgré la hausse des prix de ces derniers mois, et malgré les attentes d'une amélioration de la demande mondiale de pétrole, en particulier plus tard cette année, le marché manque toujours de déclencheurs clés d'un super-cycle pétrolier». Puis, aux analystes d'OIES de prédire que les prix du pétrole dépendront du rythme de la reprise de la demande et devraient se négocier entre 59 et 69 dollars le baril pour le reste de 2021 et 2022 sur une base annuelle, alors que les prix mensuels du pétrole seront compris entre 54 et 74 dollars. «Même si le sentiment du marché pousse les prix au-delà de ces fourchettes, il est peu probable qu'ils soient durables», précisent les analystes de l'institut d'Oxford avant de conclure «Pour que les prix atteignent près de 100 dollars le baril, nous devons tenir compte d'autres chocs.» Azedine M.