D'autres institutions bancaires et consultants, tels Merill Lynch et JP Morgan, ont aussi revu à la hausse leurs estimations initiales qui avaient prévu que le prix du brut se stabiliserait autour de 35 dollars le baril pour les années à venir. Pour sa part, la Bank of England indique dans son rapport trimestriel sur l'inflation qu'«une analyse des tendances à venir laisse entrevoir que les prix du pétrole resteront à leur niveau actuel pour les prochaines années». Selon la banque, «les données suggèrent en effet que les marchés financiers pensent que la chance de voir une hausse significative des prix du brut est plus grande que celle de voir une baisse drastique de ces mêmes prix». Et la Bank of England d'ajouter : «Actuellement, les acteurs au sein des marchés estiment qu'il y a 1 chance sur 20 que les prix du pétrole atteignent ou dépassent la barre des 100 dollars le baril en août 2006.» Goldman Sachs estime de son côté qu'il y a 5 chances sur 20 pour que les prix de l'or noir atteignent les 100 dollars le baril. Dans ses analyses du marché pétrolier pour les cinq prochaines années, Goldman Sachs indique : «Nous pensons que les marchés pétroliers ont peut-être entamé la phase préliminaire de ce que l'on a récemment appelé la période des 'super spike”, une période qui s'étend sur plusieurs années et qui verrait des prix assez élevés pour, par la suite, aboutir à une réduction significative de la consommation de l'énergie et créer ainsi une capacité de production supplémentaire assez sécurisante.» «Seulement après cela, on pourrait assister à un retour des prix plus bas», note Goldman Sachs. Les experts avancent plusieurs raisons pour cette flambée des prix. Au manque de capacités excédentaires des pays producteurs et aux arrêts dans une dizaine de raffineries américaines se sont ajoutées deux menaces géopolitiques : la volonté de l'Iran, deuxième producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), de relancer son programme nucléaire militaire, et l'hypothèque terroriste qui pèse sur l'Arabie Saoudite. «Bien sûr, il y aussi les indices économiques aux Etats-Unis qui ont prouvé que les hausses des prix du brut n'ont pas affecté la croissance du plus grand pays consommateur de pétrole du monde.» «Au contraire, celle-ci (la croissance économique) a continué à progresser, même si elle le fait à un rythme plus lent que prévu», écrit le Financial Times. Les experts indiquent également que les croissances économiques des deux pays «les plus assoiffés de pétrole» du monde, l'Inde et la Chine, ne semblent pas être perturbées par la hausse des prix du pétrole.