La courbe d'évolution de l'épidémie de la Covid-19 en Algérie démontre ces derniers jours un regain progressif et en dents de scie des nouveaux cas testés positifs au coronavirus. Le nombre des consultations Covid-19 et celui des personnes hospitalisées est en légère hausse, selon les spécialistes, qui établissent le même constat mais qui ne partagent pas néanmoins, les mêmes appréhensions quant au degré de gravité de la situation sanitaire à l'heure actuelle. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Après une franche baisse, les cas repartent de nouveau à la hausse à une cadence plus ou moins régulière. Bien que la pandémie semble sous contrôle, de nombreux experts interprètent les derniers indicateurs comme étant les prémices d'un très probable nouveau pic de contamination. Pouvons-nous éviter une troisieme vague de l'épidémie à ce stade de la situation ? Probablement, estiment quelques experts, mais à condition de revenir aux fondamentaux du protocole sanitaire. Protocole totalement négligé depuis plusieurs semaines en raison de la décrue des contaminations. L'accélération de la campagne de vaccination contre la Covid-19 serait aussi l'autre rempart efficace contre la propagation de la pandémie, affirment-ils. Suivant cette idée, Mustapha Khiati président de la Fondation nationale pour la promotion et le développement de la santé (la Forem), confirme une légère recrudescence des cas de contamination sans pour autant se montrer alarmiste. D'après lui, la plupart des cas signalés récemment sont «des clusters qui se sont formés dans des foyers, c'est-à-dire en milieu familial». Il souligne par conséquent, qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter et qu'il serait anticipé de parler d'un nouveau pic car «nous sommes loin». Le professeur Khiati rappelle cependant que nous n'effectuons pas suffisamment de séquençages afin de débusquer les variants du Covid-19, car «nous ne les connaissons pas encore tous», précise-t-il. Ce volet doit nécessairement être développé pour pouvoir contenir au mieux le virus et ses mutants, ajoutera-t-il. «La vigilance doit être le seul mot d'ordre», a insisté dans ce registre, Salem Rahmouni spécialiste en biologie clinicienne. «La recrudescence des cas de contamination est problématique, certes, mais n'augure pas une troisième vague», a-t-il évalué. Nous sommes loin du scénario vécu au mois de juillet dernier quand le pic a dépassé les 1 000 contaminations par jour. Selon le docteur Rahmouni, la probabilité de revivre cette situation peut être écartée si «on renoue avec un protocole sanitaire strict notamment sur les lieux publics». Il tient à relever que le variant britannique constitue aujourd'hui une source d'inquiétude car «il se transmet deux fois plus rapidement que le variant nigérian par exemple». La crainte des spécialistes aujourd'hui est de voir les services de réanimation submergés par des personnes développant des formes graves de la Covid-19. Les spécialistes ont unanimement insisté sur la nécessité de revenir au protocole sanitaire, dans l'espoir d'échapper à un nouveau pic des contaminations, qui mettraient à mal les structures sanitaires du pays. D'aucuns présagent l'arrivée d'une troisième vague en se basant sur les derniers indicateurs épidémiologiques. Nouar Rabhi, infectiologue à Blida, se montre moins optimiste quant à l'évolution de la situation. «Il faut savoir que les chiffres journaliers des cas de contamination sont loin de représenter la réalité», en sachant que «les tests PCR n'identifient pas à tous les coups la présence du virus». Sans oublier le fait qu'actuellement «on ne sait pas au juste combien de variants circulent en Algérie». Ces facteurs viennent s'ajouter au «non-respect des gestes barrières en société ainsi qu'à la nonchalance de la campagne de vaccination». Autant de choses qui peuvent s'avérer fatales selon lui, dans les prochaines semaines. Le docteur Bekkat Berkani estime, quant à lui, qu'il faut accélérer la campagne de vaccination contre le Covid-19 et imposer le port du masque dans les commerces et autres lieux hautement fréquentés par la population. Il a toutefois signalé que pour «l'heure, on ne peut pas savoir si c'est une troisième vague», bien que la situation prête à l'inquiétude. La vigilance doit être le seul mot d'ordre ; dit-il afin d'être sûr d'y échapper. M. Z.