La vaccination contre la Covid-19 ne suffira pas pour se débarrasser des mesures barrières. Le port de masque et la distanciation sociale resteront de mise pour encore de longs mois. Les scientifiques assurent que la vaccination et ses gestes vont de pair pour endiguer la propagation du SARS-CoV-2, virus responsable de la pandémie. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La campagne de vaccination contre la Covid-19 a été enfin lancée en Algérie. Visant à atteindre l'immunité collective, cette opération ne signifie en aucun cas de renoncer au protocole sanitaire mis en place depuis l'avènement de cette pandémie. Pourtant, un abandon prématuré de ses mesures a été constaté ces derniers temps par la population. Nombre de citoyens ne portent plus de masque de protection, et les bousculades dans les lieux publics ont repris de plus belle. Les scientifiques, eux, ne cessent de répéter que la vaccination et les gestes barrières vont de pair. Selon eux, on ne pourra s'en passer tant que l'immunité collective n'aura pas été atteinte. Un objectif dont la concrétisation s'étalera sur une année, voire plus. Le Pr Ryad Mahiaoui, membre du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de coronavirus, affirme que certes, le vaccin anti-Covid-19 va permettre d'assurer jusqu'à 90% de protection contre le développement des symptômes de cette maladie, mais il n'arrêtera pas l'épidémie. «Nous sommes plus polarisés sur le vaccin que sur les mesures préventives. Or, ce vaccin sera accompagné de mesures barrières jusqu'à ce que le virus soit éradiqué», dit-il. Insistant sur le maintien de l'ensemble des gestes barrières, le Pr Salim Nafti, spécialiste en pneumo-phtisiologie, précise que le vaccin n'est pas un traitement. Selon lui, même si ce vaccin a beau revendiquer une protection contre le virus SARS-CoV-2, personne ne connaît aujourd'hui son effet réel sur la contagiosité. «Il faut continuer à respecter le protocole sanitaire d'autant qu'à présent, nous ignorons si l'immunité que procure ce vaccin sera longue ou éphémère», préconise-t-il. Pour le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), être protégé contre le virus est une chose, et ne plus participer à sa circulation en est une autre. Il estime que le maintien du protocole sanitaire et le respect des gestes barrières restent toujours de mise. Ces mesures, poursuit-il, doivent accompagner la vaccination jusqu'à ce que le profil immunitaire soit satisfaisant et protège l'ensemble de la population. «Aucun des vaccins mis au point jusqu'à présent n'éliminerait le risque de contamination. Une personne vaccinée peut être porteuse du virus et le transmettre à d'autres personnes», explique-t-il. Le Dr Merabet rappelle ainsi, l'importance d'atteindre un taux d'immunité collective de la population algérienne de pas moins de 70%. «Entre l'immunité procurée par la vaccination et celle développée après contamination par le virus, nous devrons arriver à une immunité croisée de minimum 70%», dit-il. Toujours indispensables pour éviter la propagation du SARS-CoV-2, les bavettes ne devraient pas donc quitter de sitôt le bas du visage des Algériens. Idem pour la distanciation physique qui doit encore faire partie de leur quotidien. Ry. N.