Alors que le mouvement El Binaa de Abdelkader Bengrina avait annoncé son allégeance au chef de l'Etat, le MSP de Abderrazak Makri a contesté les résultats des élections, appelant à une véritable transition démocratique. Karim Aimeur – Alger (Le Soir) - Le chef de l'Etat a entamé, hier, les consultations avec les dirigeants des partis ayant remporté les élections législatives du 12 juin dernier, dans la perspective de former le nouveau gouvernement. Parmi les concernés, deux partis islamistes, à savoir le MSP de Abderrazak Makri qui a arraché 65 sièges de députés et le mouvement El Binaa qui a pris 39 sièges. Quelle place alors pour ces deux partis et la mouvance islamiste en général dans le futur gouvernement ? Alors que le président du mouvement El Binaa, Abdelkader Bengrina, ancien candidat à l'élection présidentielle du 12 décembre 2019, avait annoncé, à plusieurs reprises, son allégeance au chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, le président du MSP, Abderrazak Makri, a dénoncé «la fraude électorale» qui aurait privé son parti de la victoire aux élections législatives, appelant à la formation d'un gouvernement d'union nationale et plaidant pour une véritable transition démocratique. Le parti a également annoncé le lancement de consultations avec les partis politiques, y compris ceux qui ont boycotté les élections législatives. Dès lors, certains observateurs n'écartent pas de voir le parti de Bengrina s'allier au FLN, au RND et aux députés indépendants, afin de constituer une majorité parlementaire en faveur de Tebboune. Ils prévoient également de voir le MSP se confiner dans le rôle de l'opposition parlementaire, surtout suite à la dernière sortie du parti qui a contesté les résultats du scrutin du 12 juin. Toutefois, connu pour son entrisme, son opportunisme et son hypocrisie politique, le MSP peut rejoindre le gouvernement sans état d'âme, lui qui, au moment où les Algériens allaient se mobiliser massivement contre le projet d'attentat contre la dignité nationale que représentait le cinquième mandat, avait milité pour la prolongation du quatrième mandat, enveloppé sous un projet-prétexte de consensus national. En 1999, l'ancien président du parti, le défunt Mahfoud Nahnah, avait été empêché de participer aux élections présidentielles pour absence d'attestation prouvant sa participation à la guerre de Libération nationale. Il avait dénoncé son exclusion. A la veille du scrutin, à la surprise générale, Nahnah annonce le soutien de son parti au candidat Bouteflika, seul postulant à la fonction de Président après le retrait des six autres candidats. Avec le FLN et le RND, le MSP a fait partie de l'Alliance présidentielle qui a cautionné toutes les dérives du Président déchu, jusqu'à 2012, où, pour des raisons opportunistes, le parti s'est retiré de l'Alliance présidentielle, dans l'espoir de remporter les élections législatives de 2012, dans le sillage de ce qui est appelé le Printemps arabe. Le MSP est donc capable de vous dénoncer aujourd'hui et s'allier avec vous demain. Par entrisme et opportunisme. K. A.