A la veille de chaque échéance électorale, une guéguerre éclate entre le président du MSP, Abderrazak Makri et le chef du mouvement El-Bina, Abdelkader Bengrina. Des échanges vifs caractérisent les relations entre les deux hommes, dirigeants de formations islamistes issues du parti Hamas du défunt Mahfoudh Nahnah. Selon le journal arabophone El-Khabar, la dernière passe d'armes remonte à ce jeudi, quand Bengrina a cloué au pilori Abderrazak Makri sans toutefois le citer. «Nous nous réjouissons du grossissement des rangs des partisans de la solution constitutionnelle et des adversaires du vide et de l'institution des périodes de transition au titre d'un consensus qui piétine les valeurs et manipule les constantes de la nation et son projet original et renouvelable (novembria)», peut-on lire sur un long texte de Bengrina posté sur sa page facebook. Cependant, poursuit-il, en faisant clairement allusion au MSP: «Les partisans du projet de prolongement et du report de la présidentielle d'avril 2019 en faveur de l'ancien chef de l'Etat déchu, Abdelaziz Bouteflika, savent certainement que se soumettre à la volonté populaire mettra fin à leur espoir qu'ils caressaient, et qui a failli se réaliser si ce n'était la vigilance du peuple et de son armée qui a avorté ce projet odieux, visant à élire une Assemblée constituante, (...), à installer un gouvernement composé de leaders de partis de quotas, à élaborer une Constitution qui n'a aucun lien avec la déclaration de Novembre et à adopter un découpage territorial et administratif, qui conduirait inévitablement à une répartition géographique dont les seuls bénéficiaires seraient les ennemis des puissances extérieures et coloniales...». Ce transfuge du MSP avait déjà vertement critiqué en décembre 2018, l'initiative de Abderrazak Makri, portant sur le report de l'élection présidentielle d'avril 2019, en prônant l'organisation de la présidentielle dans les délais constitutionnels et ne voyait aucun inconvénient que Abdelaziz Bouteflika rempile à un 5e mandat». Chapeautée par le MSP, la conférence nationale regroupant la plupart des partis islamistes, s'est tenue récemment au niveau du Palais des expositions, Pins Maritimes Alger), sans le mouvement El-Bina de Bengrina. L'escalade verbale, qui vise le repositionnement sur l'échiquier politique, a atteint son paroxysme lors du référendum sur l'amendement de la Constitution du 1er novembre dernier. Abderazzak Makri avait accusé Bengrina de faire de la question de l'identité nationale un fonds de commerce. Le chef du MSP, qui s'opposait à la promotion de tamazight au statut de langue nationale et officielle, fustige sur ce point son frère ennemi: «L'opposition affichée de Bengrina à la disposition rendant intangible le statut de la langue amazighe, n'avait pas empêché ses députés de voter en faveur de la Constitution de 2016 qui a consacré le statut de langue nationale et officielle...»,est-il indiqué en substance. À la veille de l'élection présidentielle du 12 décembre, Makri a indiqué que «tous les postulants à la présidentielle appartenaient à l'ancien régime, dont l'un d'eux(Bengrina) avait tenté de manoeuvrer avec le général Toufik contre ma candidature à la tête du MSP en 2013». Ces hostilités incessantes tranchent avec le projet d'unification graduelle jusqu'à l'intégration d'El-Bina dans la maison du défunt Mahfoud Nahnah, initiée auparavant. L'actuel président de l'ex-Hamas craint que le parti de l'ancien ministre du Tourisme de 1997 à 1999, sous le gouvernement d'Ahmed Ouyahia et la présidence de Liamine Zeroual prenne la place du MSP et gagne du terrain. Cela est d'autant vrai que Les deux formations disposent de la même base électorale. Il faut dire que l'arrivée de Bengrina, qui se targue d'avoir le soutien de la base du FIS dissous, à la deuxième position lors de l'élection présidentielle du 12 décembre, lui avait donné des idées. Pas seulement, la présidence de la chambre basse a été dévolue à la coalition parlementaire (Nahada-Adala-Bina). Pour rappel, il s'est flatté d'être le seul des cinq candidats à être déjà monté dans la Mazda du défunt Cheikh Sidi Mohamed Belkebir, célèbre imam originaire d'Adrar (Sud). Celui qui circule dans cette voiture a la baraka et devient président. Pour l'instant, il n'y a que moi et Bouteflika qui avons eu ce privilège, assure-t-il.