De Tunis, Mohamed Kettou Comme à chacune de ses interventions télévisées, le Président tunisien s'en est pris farouchement à ses détracteurs s'engageant, encore une fois, à faire échec à leurs manœuvres. Le chef de l'Etat a choisi la ville de Sidi Bouzid qui a vu, le 17 décembre 2010, le déclenchement de la «révolution». À ce sujet, il a affirmé que le 14 janvier 2011, date du départ de Ben Ali, ne symbolise que l'avortement et la confiscation de cette «révolution», confiscation qui a permis à certains de transformer la transition démocratique en une transition de corruption et de malversations. Que le monde entier sache que le peuple tunisien est souverain, a martelé Kaïs Saïed. À l'assistance et au peuple qui attendent avec impatience son apparition, il a affirmé, une fois de plus, que la souveraineté est et sera aux mains du peuple, contrairement au désir de ceux qui se sont succédé au pouvoir depuis 2011. En clair, ce sont le parti islamiste Ennahdha et ses satellites qui sont la cible du Président. Celui-ci a dénoncé ceux qui ont exploité la «révolution» à leurs fins. Ils ont, a-t-il dit, accaparé le pouvoir pour amasser des richesses illicites. Désormais, nous sommes là, avec la résistance requise, pour faire échec à leurs plans diaboliques et mettre en pratique le slogan brandi par le peuple depuis une dizaine d'années, à savoir «le peuple veut». En fait que veut le peuple ? Tout simplement, la dissolution de l'Assemblée, l'amendement de la Constitution et de la loi électorale, puis la formation, rapidement, d'un gouvernement et l'activation de la justice contre tous ceux qui ont spolié le peuple de ses richesses. À ceux qui s'impatientent, il a dit que les mesures exceptionnelles continueront à être prises sans dire clairement que la Constitution ne constitue plus une référence, tout en mettant l'accent sur le respect des libertés individuelles. Dans ce contexte, Kaïs Saïed a rappelé, pour la énième fois, que le retour à la période antérieure au 25 juillet est aussi impossible qu'impensable. Aussi, a-t-il laissé entendre, le Parlement sera dissous et de nouvelles législatives seront organisées. Aujourd'hui, le fonctionnement des rouages de l'Etat est régi par des décrets présidentiels dans l'attente d'un amendement de la loi électorale qui a toujours favorisé le parti islamiste et ses acolytes. Cette apparition de Kaïs Saïed intervient 48 heures après une manifestation organisée par ses détracteurs, qu'il ne s'est pas empêché de tourner en dérision. Cependant, le peuple est resté sur sa faim. Même les inconditionnels du Président commencent à s'impatienter et attendent des décisions concrètes concernant la nomination d'un nouveau gouvernement et la dissolution de l'Assemblée. Cependant, avec le vocabulaire utilisé et le ton adopté, lundi soir, Kaïs Saïed s'est démarqué de tous. Est-il pour autant seul ? Rien ne le prouve, puisque, selon le dernier sondage d'opinion, il est crédité de 72% des voix si des élections venaient à être organisées aujourd'hui. Une confiance qui lui donne la force de résister à ses détracteurs. M. K.