Le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan est déjà en soi et pour soi loin d'être une kermesse. Surtout pour les femmes afghanes. En plus, la dégradation de la situation économique entraîne une paupérisation vertigineuse qui fait remonter une vieille coutume haïssable, la vente des petites filles pour contrer la misère. Et puis, franchement, c'est quoi cette politique des Américains, hein ? Ils chassent les talibans et occupent le pays puis, des années après, ils le leur rendent gentiment ! Résultat : on vend (encore) des êtres humains ! Des petites filles. Elles ont 6 ans, voire 1 an et demi et elles sont cédées par leurs parents nécessiteux aux familles de leur futur mari, eux aussi parfois mineurs. Du coup, il y a même une mercuriale. Combien coûte une fillette de 6 ans en Afghanistan ? 3 350 dollars (2 870 euros) et 2 800 pour la petite sœur de 1 an. Elles survivent dans un camp de déplacés de la province de Badghis, l'une des régions les plus pauvres du pays, avec leurs parents auprès desquels elles resteront jusqu'à ce que la somme soit intégralement versée. Tombés dans la misère suite aux sécheresses de 2018, puis 2021, ils sont des dizaines contraints à cette pratique pour pouvoir se nourrir. Nourriture contre la cession d'une fille. Asho a 8 ans, elle vient d'être vendue à un homme de 23 ans auprès de qui sa famille s'était endettée. Parwana, elle, a 9 ans et... 55 ans l'homme qui l'achète en échange de quelques mois de survie pour le reste de la famille. Si la vente et le mariage d'enfants sont une pratique d'un autre âge, la misère les fait resurgir dans le quotidien de populations affamées. Les mariages forcés ne sont pas imposés par les talibans, mais depuis leur prise de pouvoir, la misère s'est encore accentuée car les ONG ont quitté le pays et l'aide humanitaire ne parvient plus aux familles. Alors on mendie, on ramasse les ordures et on vend les petites filles. Au seuil de l'hiver, la catastrophe humanitaire se profile et selon l'Unicef, un million d'enfants pourraient bien mourir de faim dans les prochains mois. A. T.