Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a entamé, lundi, sa première tournée en Asie du Sud-Est, à Jakarta, où il doit prononcer un discours sur la politique des Etats-Unis pour la zone indopacifique, au cœur de leur stratégie face à la Chine. Lors d'une rencontre avec le Président indonésien Joko Widodo, le ministre a «exprimé son soutien au leadership de l'Indonésie dans l'Indopacifique en tant que troisième plus grande démocratie au monde et promoteur déterminé de l'ordre international fondé sur des règles», selon un communiqué du département d'Etat américain. Arrivé en provenance du Royaume-Uni où il avait participé à une réunion avec ses homologues du G7 consacrée essentiellement aux tensions avec la Russie, Antony Blinken veut remettre l'accent sur cette région, censée être la priorité de la politique étrangère du président Joe Biden qui ne cesse toutefois d'être accaparé par d'autres crises, avec Moscou, mais aussi l'Afghanistan ou l'Iran. Mardi, il doit ainsi prononcer un discours sur «l'approche des Etats-Unis pour l'Indopacifique». La stratégie du gouvernement démocrate ne diffère pas fondamentalement de celle en vigueur sous l'ex-Président républicain de Donald Trump : il s'agit d'insister pour que cette région, menacée selon Washington par les «intimidations» de Pékin, demeure «libre et ouverte». L'équipe Biden tente de mettre davantage l'accent sur la force de ses alliances, non sans quelques couacs comme l'a montré l'affaire des sous-marins nucléaires promis à l'Australie, qui lui a valu la colère de la France pour avoir perdu un énorme contrat avec Canberra. En Indonésie, puis en Malaisie et en Thaïlande, le secrétaire d'Etat va aborder «le renforcement de l'infrastructure régionale de sécurité en réponse au harcèlement de la République populaire de Chine en mer de Chine méridionale», a déclaré à des journalistes avant le départ son adjoint pour l'Asie-Pacifique, Daniel Kritenbrink. «Nous nous opposons à tous les actes de la République populaire de Chine ou de tout autre acteur visant à déstabiliser la région» en contradiction avec le droit international, a-t-il ajouté en défendant «la liberté de navigation et la liberté de survol». La région voit une montée des tensions en mer de Chine méridionale alors que Pékin revendique la quasi-totalité de cette zone clé pour les échanges commerciaux, également revendiquée par Brunei, la Malaisie, les Philippines, Taïwan et le Vietnam. Antony Blinken a érigé l'ambition grandissante de la Chine sur la scène mondiale en «plus grand défi géopolitique du XXIe siècle» et recherche le bon équilibre entre compétition et confrontation. Mais les relations sont extrêmement tendues, notamment ces derniers temps, au sujet du sort de Taïwan dont les Américains vantent le modèle démocratique alors que Pékin considère l'île comme une de ses provinces appelées à revenir dans son giron. Pendant sa visite en Asie du Sud-Est, le secrétaire d'Etat américain doit aussi évoquer la crise en Birmanie créée par le coup d'Etat militaire de février.