Dans la matinée d'hier, entre Douéra et les Grands-Vents, j'ai acheté des oranges. Vous connaissez tous ces haltes qu'on observe sans vraiment savoir pourquoi. Et puis ces achats qu'on n'a pas prévus. Il ne manquerait plus que ça, planifier l'achat des oranges. Entre autres vertus, c'est un fruit d'... instinct. Comme l'escale aléatoire qui l'inspire et le pas aérien qui mène vers son étal, l'orange s'improvise ou se banalise. Celles-là ne sont pas les plus chères, ni les plus grosses, ni les plus rutilantes. Et pour cause, elles sont les plus... succulentes et les plus juteuses. Pas les plus douces, les meilleures oranges ont du caractère. Celles-ci ne se remarquent pas, histoire d'éloigner les ploucs sans goût qui vont naturellement voir ailleurs. Hier, j'ai acheté des oranges et après y avoir goûté, j'en ai été enivré. Je les ai alors prises en photo et j'ai publié le cliché sur Facebook, avec ce texte d'accompagnement : «Les oranges les plus succulentes du monde et de tous les temps, je les ai achetées ce matin sur la route de Douéra. Un pays qui n'arrive pas à exporter une merveille pareille est forcément inquiétant.» A ce moment-là, je n'avais pas en tête d'en faire le sujet du jour pour cet espace. C'est venu après, dans la foulée des commentaires que mon «post» facebookien a charriés. Il y en a qui ont parlé des prix et c'est normal, le coût d'un produit est toujours important. Il y a un vieil ami dont le sens de l'humour n'a pas pris une ride. Il a écrit qu'on n'exporte pas nos oranges parce qu'on veut... les garder pour nous. Un autre suggère de les exporter en Afrique. J'avoue que je n'ai pas compris pourquoi spécialement l'Afrique mais bon... Une autre amie m'a écrit qu'à Blida, les bonnes oranges se négociaient à 250 dinars et j'ai été surpris, ayant payé les miennes à... 110! Au moment de terminer ce texte, je me suis dit que ma publication sur Facebook était incomplète. J'aurais pu y ajouter ceci: un pays où on produit des oranges pareilles ne peut pas être désespérant. S. L.