La mafia italienne n�a jamais eu de fronti�re. Elle a colonis� le monde et s�est acoquin� avec les autres �mafias� locales, leur transmettant son �savoir� et ses pratiques criminelles, r�cup�rant notamment la mondialisation des finances. Un livre(*) qui vient de sortir �voque ce ph�nom�ne avec beaucoup de d�tails. Sa lecture en dit long sur les �normes d�g�ts occasionn�s. A lire absolument. Lentement, silencieusement, les mafias italiennes � Ndrangheta, Camorra et Cosa Nostra � ont colonis� le monde. Les d�placements des boss mafieux refl�tent exactement la mondialisation des capitaux. Certes, ce ph�nom�ne n'est pas nouveau, souligne Francesco Forgione, l�auteur du livre Mafia export, mais il est d�sormais la norme. Et si elles ont conquis une place de premier rang dans la mondialisation, ce n'est pas seulement dans leur dimension criminelle, mais en s'appuyant sur leur syst�me d'entreprises, sur leurs participations financi�res dans des soci�t�s et des �tablissements de cr�dit, et sur une extraordinaire capacit� � faire circuler les capitaux. �Les mafias participent activement aux processus d'internationalisation �conomique et financi�re ; avec la force de petits Etats, elles contribuent � la formation du PIB (produit int�rieur brut) mondial�, explique-t-il. Le concours d'avocats, experts en droit international, de directeurs de banque, de fonctionnaires et de politiques Les revenus annuels de ces trois mafias oscillent entre 120 et 180 milliards d'euros, soit plus que la somme des PIB de la Slov�nie, de l'Estonie et de la Croatie. Les b�n�fices sont estim�s � quelque 80 milliards d'euros, soit environ le PIB de la Roumanie. Seule une partie, environ 40% � 50%, est r�investie dans les activit�s criminelles traditionnelles (drogue, armes, etc.), le reste entre dans l'�conomie l�gale sous les formes les plus diverses. En Espagne, par exemple, il a suffi d'investir dans le tourisme et dans l'immobilier pour blanchir l'argent sale. A tel point que la Costa del Sol a �t� rebaptis�e la �Costa Nostra�. Et tout cela gr�ce au concours d'avocats, experts en droit international, de directeurs de banque, de fonctionnaires et de politiques. Le livre de Francesco Forgione n'est pas une simple description de ce que repr�sentent aujourd'hui les mafias dans le monde. Ce journaliste de 49 ans, originaire de Calabre, ex-d�put� et porte-parole de la Rifondazione Comunista � l'Assembl�e g�n�rale de Sicile, qui a dirig� la commission anti- Mafia du Parlement italien et enseigne aujourd'hui l'histoire et la sociologie des organisations criminelles � l'universit� de L'Aquila, en profite aussi pour d�noncer l'hyprocrisie des pays qui continuent de fermer les yeux sur la pr�sence de la mafia italienne sur leur sol. Jusqu'� une arrestation spectaculaire, une prise de drogue exceptionnelle ou encore un v�ritable bain de sang. A l'instar de l'Allemagne � pays le plus touch� en Europe selon l'auteur �, dont la police criminelle connaissait tout depuis 2000 sur les familles mafieuses de San Luca (Calabre). Install�es � Duisburg, elles prosp�raient tranquillement, jusqu'au �massacre de l'Assomption�, le 15 ao�t 2007, au cours duquel six jeunes Calabrais ont �t� abattus. Le crime serait le r�sultat d'une lutte sans merci entre deux clans : les Nirta-Strangio et les Pelle-Vottari-Romeo. �Malgr� l'�v�nement et son retentissement international, une grande partie du monde politique et institutionnel allemand fait encore semblant de ne pas comprendre �, s'insurge l'auteur. L'Allemagne n'est pas un cas isol�. L'Europe ne veut pas voir. Elle est pourtant, avec les Etats- Unis, le premier march� de la coca�ne, donc du recyclage de l'argent de la drogue. A travers plusieurs histoires � dont celle de Giovanni Strangio, le commanditaire de la tuerie de Duisburg �, Francesco Forgione livre un document captivant gr�ce auquel on comprend mieux le fonctionnement de cette Pieuvre, et comment ces criminels circulent, agissent et trafiquent. (*) Mafia Export. Comment les mafias italiennes ont colonis� le monde de Francesco Forgione, aux Editions Actes (Sud (France)