Les journ�es du hawzi � Blida, qui ont pris fin hier, ont �t� une occasion pour le public de savourer un pan de la musique alg�rienne et prendre connaissance du corpus po�tique de ce genre lyrique qui s�apparente � la musique arabo-andalouse. Il est le t�moin d�une haute civilisation dont les acteurs sont pour la plupart tlemceniens. Cr�� � Tlemcen au XVIIe si�cle, du temps du po�te Abou Othmane Sidi Sa�d El-Mandassi (1583-1677), le chant hawzi demeure le fleuron de l�Alg�rie enti�re, puisque ce genre musical va �tre chant� dans plusieurs villes telles que Tlemcen, Alger, Blida, Cherchell, Constantine, Skikda, Annaba� Ainsi, tout le monde s�accorde � dire que l�initiateur du hawzi est le po�te Abou Othmane Sidi Sa�d El-Mandassi, qui de Tlemcen va s�exiler au Maroc pour devenir le po�te attitr� du roi sa�dien Ahmed El-Mansour, puis le pr�cepteur de son fils Moulay Ismail, lequel succ�dera � son p�re. Au sujet de ce po�te, il serait int�ressant d��voquer son �pop�e � l�endroit des a�des du Mcid Sidi Fredj de F�s qui lui ont interdit l�acc�s pour passer le concours. Outr�e par cette fin de non-recevoir, il monta sur un m�rier attenant � cet �tablissement et d�clama sa fameuse qacida appel�e El ��qiqiya (la cornaline). Un grand cheikh qui l�avait �cout� le porta sur son dos et le fit entrer de plain-pied au mcid Sidi Fredj o� il participa au forum de la po�sie melhoun, appel� kounnach Sidi Fredj. Parmi les autres po�tes connus pour avoir �crit et chant� le hawzi, l�on cite Ahmed Bentrik qui est mort centenaire en 1650, il avait compos� sa premi�re po�sie qui porte le titre de Fiq ya nayem oustayqadh men el-mnem (r�veille-toi � dormeur et cesse tes r�ves). Dans ses qa�a�de, il cite plusieurs fois Derb El Meliani o� il est n� et a grandi. Tout comme il est connu pour avoir fr�quent� le quartier qui porte le nom de Houmet Bab El-Djiad (La porte des coursiers) o� Bentriki �voque sa dulcin�e dans sa fameuse po�sie intitul�e Aid El Kebir wel ferdja fi bab el djiad. Il y a �galement Mohamed Benmsaib, mort en 1768 � Tlemcen, Mohamed Bensahla et son fils Boumediene Bensahla et Mohamed Bendhebbah, auteur de la fameuse qacida Magronet el-Houadjeb, qui est la chanson avec laquelle le regrett� El-Hachemi Guerouabi s�est fait conna�tre au public. Par ailleurs, d�autres po�tes connus plut�t pour leur propension au b�douin � l�instar de Mostfa Benbrahim (1800-1867) et de Henni Benguennoun (1792-1885), auteur des qacidate Dhalma et Goul l� si Mohamed la ghidek halek, ont �t� incorpor�s dans le registre hawzi. Mohamed Benmsaib, qui a fait ses �tudes coraniques � l��cole du quartier Bab Zir � Tlemcen, est connu pour ses querelles avec le hakem turc. Et c�est dans un mausol�e que Benmsaib a compos� sa fameuse Ghouthiya, une qacida � connotation soufie, glorifiant les �Awliya Salihine� et qui lui a permis d��tre lib�r� mais toutefois exil� lui aussi au Maroc comme son pr�d�cesseur Ahmed Bentriki Ezengli. Mohamed Benmsaib �tait affili� � la tariqa qadiryia, voie spirituelle tr�s r�pandue en Alg�rie � la faveur de Sidi Boumedi�ne Chou�ayb, saint tut�laire de Tlemcen. C�est par son adh�sion aux voies soufies qu�il �tait devenu un grand po�te du medh ou apologie du proph�te Mohamed (QSSSL). Boumedi�ne Bensahla, qu�on apparente au personnage mythique de Don Juan, est d�c�d� relativement jeune. La mosqu�e de Sidi El-Haloui � Tlemcen, son lieu de retraite o� il y passa le clair de son temps avant de d�c�der en 1797, �tait son refuge. Cette mosqu�e, une des plus anciennes d�Alg�rie, puisque construite en 1353 en honneur de Sidi Mohamed Echoudi dit El-Haloui, un grand soufi andalou, est cit�e dans plusieurs de ses qacidate. La ville de Nedroma a fourni un grand po�te qui a �crit dans le registre hawzi. Il s�agit de Kaddour Benachour Ezzerhouni, mort en 1938 et auteur de la po�sie Ouelfi Meriem. Il a �crit �galement une superbe printani�re que les chanteurs andalous interpr�tent avec des airs emprunt�s au genre hawzi. Ce dernier qui �tait affili� � l�ordre des soufis a d�teint, plus tard, sur plusieurs personnalit�s artistiques dont El-Hadj M�hamed El- Anka. Enfin, il y a lieu de souligner que le genre po�tico-musical dit hawzi a �t� �crit dans la langue vernaculaire de l�Alg�rie par les po�tes cit�s pr�c�demment.