Pas moins de quatre interventions pour cette figure embl�matique de la litt�rature alg�rienne et maghr�bine : � l'universit�, au caf� litt�raire, au cercle des juristes et � la radio. Tout le monde s'accorde � qualifier l'�v�nement de temps fort de l'actualit� culturelle de cette wilaya. M. Boudjedra a �t� tr�s sensible � l'accueil et n'a pas manqu� de remercier la direction de la culture, l'universit� Hassiba-Ben-Bouali et son ami �crivain A�ssa Nekaf pour l'invitation. Il s�est dit surpris de constater que beaucoup ont lu ses �uvres. Il citera son parcours intellectuel : licence de maths et philo, th�se � la Sorbonne sur une �uvre de C�line. Cet agr�g� de philo va �diter 27 romans en fran�ais et arabe. Ses �uvres sont traduites dans 36 pays dont l'Inde, la Chine, le Japon. Il a �crit 15 sc�narios. Il s'int�resse beaucoup � la peinture (il citera son ami Khadda) et � la musique de qualit�. A la question de l'adaptation de ses romans au cin�ma, Rachid Boudjedra va nous confier qu'un de ses romans Penalty sera port� � l'�cran par un jeune r�alisateur, Zahzah de Blida. Il relate la mort d'un bachagha, collaborateur, dans un stade parisien, � l'occasion de la coupe de France de football. Il nous apprendra qu'un film issu de son sc�nario a �t� nomin� pour l'Oscar du meilleur film aux USA. Chronique des ann�es de braise a eu la Palme d'or au Festival de Cannes de 1975. Il a �crit le sc�nario de Nahla pour Farouk Belloufa et Silene pour Ahmed Rachedi. Il est aussi l'auteur d'un sc�nario pour le r�alisateur belge Delvos. Il a collabor� aussi avec le r�alisateur marocain Lahlou. Boudjedra revient � l��criture pour dire que c'est Kateb Yacine qui est le p�re du roman moderne en Alg�rie. La premi�re g�n�ration comprend les classiques comme Feraoun, Mammeri, Dib. Elle ouvre la voie � la deuxi�me vague dont fait partie Boudjedra. Ce dernier a lu Nedjma �tant adolescent, ce qui provoqua une vraie temp�te dans sa t�te. L'auteur de La r�pudiation dira qu'il a cass� le dictionnaire, la construction de la phrase et surtout les tabous de la soci�t� alg�rienne. Il pr�cisera : �En �crivant, je fais tr�s attention � la po�tique du texte, � la construction de phrases et � l'�rudition. Mohamed Choukri, le Tunisien, a cass� les tabous dans son livre Pain nu, mais n'a pas beaucoup �crit, malheureusement. Mon ouvrage La r�pudiation a m�me �t� interdit au Liban, pourtant vitrine de la litt�rature arabe. M�me les Europ�ens ont pris exemple sur moi en ce qui concerne les tabous. L��rudition est tr�s pr�sente dans mes �crits. On retrouve m�me des formules de maths. J'ai beaucoup �tudi� l'atlas sur les animaux d'El Djahidh. J'ai lu El moukadima d�Ibn El Khaldoun. Ce dernier avec Ibn Rochd et El Kindi ont des �uvres qui sont de vrais tr�sors. Je suis fier d'avoir apport� quelque chose � la litt�rature arabe. Je l'ai fait parfois avec force. J'appartiens � une �cole internationale, j'ai �t� beaucoup influenc� par Joyce, Faulkner et Proust. J'ai beaucoup appris en lisant El Moutanabi et les Mille et Une Nuits�. R�pondant � une question sur les violentes critiques dont il a fait l'objet, il r�pondra : �Ce n'est pas le fait de structures de l'Etat mais de personnes qui ont �crit un ou deux romans et se sont �rig�s en critiques litt�raires. Il n'en reste pas moins que 80% de la critique a �t� positive. Je pense qu'un roman qui ne fait pas bouger les choses, qui ne cr�e pas de temp�te n'est pas un bon roman. Je n'�cris jamais pour faire plaisir et je ne dis jamais le contraire de ce que je pense.� Concernant la censure, il dira qu'elle n'existe pratiquement plus. La r�pudiation, malgr� la censure, a eu un �norme succ�s. �Cela est d� � mon int�grit�. Mon enfance a beaucoup influenc� mes �crits. Tous les �crivains ont peur de l'�chec, il n'y a que les chanceux qui arrivent � avoir du succ�s �. Il se d�sole de voir des �missions litt�raires rester quelque temps et dispara�tre. �Le lectorat aussi se r�tr�cit. Mes �uvres �dit�es � 50 000 exemplaires sont pass�es � 10 000. Je ne veux pas �tre paternaliste en donnant des conseils aux jeunes. Je pense � Hmida Layachi qui a produit deux romans de bonne facture, mais qui n'ont pas rencontr� le succ�s escompt�. � Concernant Yasmina Khadra, il dira tout simplement : �C�est une �criture � chaud, c'est le grand journalisme, il n'y a qu'� voir le titre comme L'attentat �. A une question sur la langue arabe, il r�pondra qu'il a �crit La r�pudiation en fran�ais car aucun pays arabe ne voulait l'�diter. Il regrettera, par ailleurs, que Kateb Yacine et Malek Haddad ne se soient pas ouverts � l'arabe, car ils auraient �crit de belles choses. Le journaliste Mohamed Ghriss fera remarquer que Kateb Yacine a une admiration pour le Livre sacr�. Dr A�t Djida Mokrane va l'interpeller sur l'�motionnel dans le roman alg�rien car �le romancier alg�rien n'accorde pas beaucoup d'importance � la dimension humaine et s'attarde sur le r�dactionnel�. Boudjedra r�pondra que les deux sont importants. Mme A�t Sa�da, doyenne de la fac de lettres, va faire remarquer : �Dans vos derniers romans, vous n'h�sitez pas � revisiter fictionnellement l'histoire et � porter un regard critique et distanci� marqu� par le recul historique et intellectuel sur les �v�nements tragiques de notre pays.� Boudjedra parlera beaucoup de son dernier livre Les figuiers de Barbarie qui est inspir� d'une histoire vraie, celle d�un moudjahid qui n�admet pas le fait que des membres de sa famille aient trahit la R�volution et vit un choc psychologique. Rachid Boudjedra vient de terminer un sc�nario sur l��quipe de football du FLN, il finalise un autre sur Zighout Youcef. Il a expliqu� qu�il a accept� de faire ce travail car ce r�volutionnaire est un homme bon et simple. Il avait la particularit� de prier debout et seul. Par ailleurs, il aimait cheikh El Afrit et chantait avec une belle voix toutes ses chansons aux djounoud.