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C�EST MA VIE
�Rien ne se cr�e, rien ne se perd, tout se transforme�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 26 - 05 - 2012

Une vieille armoire en bois massif que lui a offerte sa grand-m�re, lors d�un d�m�nagement, un fauteuil chin� dans une brocante, un lit et une table n��tant plus au go�t du jour ; tout ce mobilier est mati�re � reconversion. L�auteur, c�est Razik, Eden Raz, pour les intimes, ce jeune artiste de 24 ans, architecte d�int�rieur, qui a fait de son m�tier une passion.
Son attirance pour les beaux objets il l�a acquise d�s sa tendre enfance. Les jolis int�rieurs, l�originalit� dans les agencements et la d�coration l�ont toujours charm�. Il r�vait un jour cr�er lui-m�me son espace de vie. Avant de r�aliser son r�ve, il s�exerce dans la maison familiale, apr�s l�obtention de son dipl�me. �C�est un gar�on qui a toujours aim� l�ordre, les meubles sobres et originaux ; il aime donner une personnalit�, une �me � une maison�, nous dira sa maman. Eh bien, l�artiste va s��clater ! �P�n�trer dans une habitation o� tout est entass� p�le-m�le, des meubles cossus, dans un salon de quelques m�tres carr�s, des murs aux couleurs vives dans un espace r�duit parce que c�est la nouvelle tendance, m�ont toujours horripil�. Ce qui me d�sole le plus, ce sont tous ces gens ais�s, qui ont la chance de construire leurs propres maisons, mais qui b�tissent des �bunkers� sinistres, alors qu�ils peuvent s�inspirer des belles maisons de La Casbah d�Alger ou d�autres r�gions du pays. Je n�en connais pas beaucoup qui ont opt� pour ce style. C�est quand m�me plus joli, et �a nous change des affreux buildings�. Razik se donnera � c�ur joie pour relooker sa demeure. �Je dis toujours que lorsqu�on en a marre d�une biblioth�que ringard, il ne faut pas la jeter, il suffit d�avoir de l�imagination, peu d�argent et cela n�cessite un minimum de moyens. Quand je vois tous ces gens qui changent de salon tous les ans, alors qu�il suffit de troquer l�ancien tissu d�ameublement pour un autre, on va dire, plus tendance, on a l�impression d�avoir un neuf.� Pour Razik, il n�y a pas que les meubles qui peuvent subir des transformations, �la vaisselle, les lustres, les lampes� On peut donner une nouvelle vie � tout�. Il ne croit pas si bien dire. En effet, dans le F3 qu�il partage avec sa m�re et son fr�re, la d�co force l�admiration. Presque chaque objet, chaque espace est pass� entre les mains de l�artiste qui en a fait une �uvre d�art. Comme cette console que sa maman a achet�e il y a plus de 20 ans. �Vous savez, cela m�a co�t� un pot de peinture noire, car j�ai opt� pour cette couleur, et des pinceaux. Ma m�re ne l�a presque pas reconnue.� Des murs au plafond, il a eu carte blanche pour tout rennover. �Au d�part, il n��tait pas question de toucher � la peinture ; on devait confier �a � un peintre. Lorsqu�il nous a pr�sent� son devis, on a failli tomber � la renverse. Seule la cuisine nous a co�t� 30 000 DA. Nous avons d�cid�, mon fr�re et moi, de nous mettre au travail. Quelques notions de base tir�es d�Internet, de la peinture blanche et noire, des rouleaux, et le tour est jou�. Le choix de la couleur blanche, m�me si beaucoup pensent que c�est salissant, donne de la perspective, de la luminosit� et de l��clat, surtout quand la superficie est r�duite.
�Il n�y a pas que les meubles qui peuvent subir des transformations. La vaisselle, les lustres, les lampes� On peut donner une nouvelle vie � tout�.
Et puis, quand �a se salit, �a se lave ou �a se rafra�chit. Quant au noir, m�me si, pour certains, cela para�t lugubre, �a camoufle les d�fauts. Il suffit de ne pas en abuser, c�est sobre et �pur�.� Toujours dans un esprit pratique et �conomique, Razik, ne pouvant supporter la fa�ence bleue de la salle de bains, au lieu de changer les carreaux, et � quel prix, a tout simplement achet� de la peinture noire miracle, sp�ciale fa�ence. Sa brillance, une fois le travail fini, a laiss� sa famille pantoise. �Aujourd�hui, on peut trouver de tout pour ce genre de travaux sur le march�. C�est vrai que cela co�te beaucoup moins cher quand on le fait soi-m�me, mais �a reste quand m�me hors de port�e pour les menues bourses.� Notre artiste, pour la bonne cause, s�est converti en menuisier, lorsqu�il s�est agi de d�couper une ancienne biblioth�que qu�il a transform�e en gu�ridon, ou encore meuble de coin, et son ancien bureau en �l�ments de cuisine. Il supprimera les pi�tements d�une vielle armoire afin de lui donner un nouveau design : de nouvelles poign�es, une peinture fra�che, une glace et le meuble est m�connaissable. La table et les chaises de la salle � manger n��chapperont pas � son tour de mains : une bombe de peinture argent�e et l�incontournable pot de peinture noire, et les meubles ont perdu de leur cachet rustique, car c��tait la fausse note dans un d�cor moderne. Il troquera ensuite sa scie sauteuse, pour des pinceaux et jouera au c�ramiste en redessinant les motifs d�une s�rie d�assiettes dont lui a fait don sa grand-m�re, et modifiera la derni�re assiette qui �chappera � la casse d�une s�rie, pour en faire un tr�s joli vide poches. Des petites bouteilles de limonade vides, il ne s�en d�barrassera pas, elles deviendront de jolis vases et des bibelots. Il fera de sa vieille lampe de chevet une toute neuve, en lui changeant tout simplement le cache ; pour ce faire, il en tissera un neuf avec du fil argent�. Il est aussi artiste peintre � sa mani�re. Il effectuera un travail de fourmi en d�coupant des photos de peintres c�l�bres qu�il ira chercher dans des magazines, pour r�aliser un tableau tr�s original qu�il accrochera sur le mur du salon. Et � temps perdu, ou lorsque la nuit, le sommeil le quitte, il se met face � son chevalet et peignera selon l�inspiration, sur des supports en polystyr�ne, contreplaqu�, carton ou miroir de r�cup�ration, des figurines africaines, ou des formes g�om�triques en choisissant tant�t des couleurs vives, tant�t des tons chauds. Le r�sultat, comme dans la plupart de ses cr�ations �merveillera son entourage. Il lui est souvent arriv� d�offrir ses dessins. Il nous racontera � ce propos : �Un jour, ne pouvant refuser de donner une de mes toiles, qui me tenait vraiment � c�ur, � ma tante, j�ai d�cid� de faire une r�plique que j�ai dessin�e directement sur le mur de ma chambre. Je me suis dis, comme ��, personne ne pourra me la demander.� Comme tout artiste, le travail vient avec l�inspiration du moment, et qu�il ne faut surtout pas �tre contrari�. Ainsi, il lui est arriv� � n�importe quel moment de la journ�e de prendre un miroir qu�il aura soigneusement d�coup� � l�aide de son diamant, pour en faire un magnifique cadre : il y ajoutera parfois des petits jets de peinture, ou sur un carton rigide, il collera les d�bris de verre, qu�il aura r�cup�r�s. �C�est un principe chez moi, je ne jette rien. En coupant la glace, il m�arrive de perdre des morceaux, alors les chutes serviront forc�ment � autre chose.� Ayant le coup d��il, quand il rentre dans un appartement, il ne peut s�emp�cher de balayer discr�tement de ses yeux aussi bien l�agencement de l�espace, que la d�co. Et quand il s�agit de ses amis, il n�h�site pas � leur donner des conseils. Il se souviendra toujours de cette anecdote qu�il nous racontera en riant : �Je me trouvais chez ma cousine qui venait de se marier, quand des invit�s s�annoncent � la derni�re minute. La ma�tresse de maison panique, car elle n�a pas de table basse dans son salon. Razik la calme, en l�assurant qu�il allait trouver une solution. Il jette un regard dans la pi�ce, et l�, il remarque une table gu�ridon en rotin dans le coin. �Dans ma t�te, j�ai d�j� dessin� la fameuse table basse. Il me fallait juste une scie. C��tait un peu laborieux de couper les pieds, mais j�y suis arriv�. Moins haute, elle a tr�s bien pris sa place au milieu de l�espace. Au d�part, elle �tait r�tissante, mais en la voyant, elle a saut� de joie, et pour me r�compenser, j�ai eu droit � deux parts de g�teaux. En fait, avec le temps, quand je flashe pour un meuble ou un objet quelconque que je veux recycler sa �nouvelle version�, j�allais dire, est vite scann�e dans ma t�te. Souvent, les autres n�arrivent pas � le voir, et des fois, j�ai du mal � les convaincre du r�sultat.�
�Ce qui me d�sole le plus, ce sont tous ces gens ais�s qui ont la chance de construire leurs propres maisons, mais qui b�tissent des �bunkers� sinistres, alors qu�ils peuvent s�inspirer des belles maisons de La Casbah d�Alger ou d�autres r�gions du pays.�
Pour Razik, c�est un univers o� l�on apprend tous les jours, on n�arr�te pas la cr�ation, l�innovation. C�est aussi un domaine o� il faut sans cesse se perfectionner. Notre cr�ateur �se cherche encore�, dit-il. Son objectif : poursuivre ses �tudes � l��tranger pour monter ensuite sa propre entreprise. �Bien s�r, tout architecte d�int�rieur r�ve de concevoir sa propre maison, la mienne, elle sera puis�e dans notre patrimoine culturelle et architechturale, dans mes racines. Ce sera La Casbah. Quand j��tais �tudiant, j�avais propos�, dans le cadre des travaux de r�habilitation de La Casbah, de transformer une des douiret en auberge. Je n�ai pas pu le faire pour des raisons administratives, et j�en �tais profond�ment frustr�. Cette architecture m�a de tout temps fascin�. Mais je ne suis qu�au d�but du parcours, j�ai tout le temps de m�am�liorer et de r�aliser la maison de mes r�ves.�


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