De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari C��tait l�hiver, un hiver rude en ce 1er Novembre 1954. C�est pourtant le d�but de notre printemps � nous, le d�but de la fin de la longue nuit coloniale. Le film d�Ahmed Rachedi, Mustapha Ben Boula�d, visionn� � Porte-Nord, centre de Bruxelles, a emport� l'adh�sion du nombreux public qui s�est d�plac� pour voir le long m�trage sur le h�ros mythique de la r�sistance alg�rienne. Les Alg�riens de Belgique et les amis europ�ens de l�Alg�rie ont v�cu de vrais moments d��motion au visionnage du film. L�un des spectateurs, boulevers� par la vie et l��uvre de Ben Boula�d, me prend � part pour me d�livrer le seul message qui, selon lui, vaille : �Monsieur le journaliste, je sais que vous connaissez le r�alisateur, alors, s�il vous pla�t, dites-lui pourquoi il a tu� � la fin du film Ben Boula�d (...)� �Il aurait d�, selon moi, ajoute-t-il s�r de son fait cin�matographique, laisser le h�ros vivant, le mythe survivre, comme dans les films western, ceux de l�Am�rique...� `Au-del� des controverses et des pol�miques soulev�es par le film, comment peut-il en �tre autrement, alors que Sadek Bakhouche et Ahmed Rachedi ont abord� un personnage immense, une figure l�gendaire et, surtout, des �poques sensibles de la r�sistance alg�rienne ? Ben Boula�d, membre des 22 historiques, �tait un leader incontest� et incontestable du mouvement nationaliste. C�est d�ailleurs lui qui aura la lourde mission d��tre l��missaire du CRUA, devenu un peu plus tard le FLN, aupr�s de Messali Hadj � Niort (France). Le dialogue entre le vieux leader nationaliste et le jeune Si Mustapha reste, il est vrai, un morceau pr�cieux, une vraie s�quence de cin�ma. Le m�rite du r�alisateur qui n'est pas un historien, rappelons-le, est grand, pour la simple raison qu�il n�a pas diminu� de la valeur de Messali Hadj, il ne l�a pas humili� historiquement. Rachedi et Bakhouche ont, par Hassan Kachache (Ben Boula�d) et Slimane Bena�ssa (Messali Hadj) rendu les contradictions du Mouvement national, mis en exergue les divergences de deux lignes distinctes, � un moment pr�cis de l�histoire, privil�gi� plus la raison que l��motion. �a restera un grand moment. Pour autant que l�on puisse savoir, des films sur l'histoire de l�Alg�rie ne courent pas les �crans. Ni ceux de la t�l�vision ni ceux des salles de cin�ma. En ce sens, Ben Boula�dde Rachedi a plusieurs m�rites. Ne pas avoir succomb� � la facilit�, transform� des actes d'h�ro�sme d�un immense personnage en un r�cit artistique cr�dible sans violer, pour autant, l�histoire, le cin�ma et les �v�nements, leur restitution sont, toutefois, deux domaines diff�rents, aux mat�riaux d�expression et d�analyse diff�rents. Le grand m�rite de Ben Boula�dde Rachedi est, ne l�oublions pas tout de m�me, qu'il existe, qu�il permet, d�j�, des interrogations et des questionnements sur l�histoire et sur le cin�ma. Bruxelles l�a compris et a ovationn� � la fin de la projection Si Mustapha en pr�sence de Hassan Kachache, Ben Boula�d. Des d�bats ont suivi le visionnage et dur� tard dans la soir�e du samedi, comme pr�vu. L�exp�dition guerri�re d�Isra�l sur Ghaza a, �videmment, �t� largement discut�e. Les �printemps arabes� s�arr�tent � Rafah, aux portes de Ghaza !