Les choses se compliquent davantage au sein du Front de libération nationale qui, déjà sans secrétaire général depuis le 1er février dernier, enregistre une fracassante scission de son bureau politique depuis samedi. Inutile de préciser qu'il s'agit là, des toutes premières répliques au retour de Abdelaziz Bouteflika au pays, le 16 juillet dernier. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Samedi dernier, donc, huit membres du bureau politique, à savoir ses quatre ministres Amar Tou, Rachid Harraoubia, Tayeb Louh et Abdelaziz Ziari ainsi que le président de l'Union des paysans algériens, Mohamed Allioui, le porte-parole du parti Kassa Aïssa, la sénatrice Leïla Tayeb et la députée Habiba Bahloul se donnent rendez-vous au siège du parti à Hydra pour une réunion «informelle». L'objet de la réunion Interpeller le coordinateur national, Abderrahmane Belayat, pour surseoir à la décision de désignation des membres des instances permanentes au sein de l'Assemblée populaire nationale. «Ce n'est qu'une réunion informelle. C'est un dérapage que certains ont cherché à médiatiser. Depuis quand médiatise-t-on une réunion informelle ?», fulmine un autre membre du BP, Abdelhamid Si Affif qui se positionne clairement du côté de Belayat, «du côté de la légalité», tenait-il à préciser. L'ancien président de la commission des affaires étrangères à l'Assemblée s'en prend particulièrement de manière sèche aux quatre ministres. «Voilà bientôt sept mois que Belayat les exhortait de venir pour une réunion du bureau politique. Je peux en témoigner car je suis tout le temps avec lui. Mais ces gens-là snobaient tout le monde. Ils ont toujours refusé de répondre à l'invitation et ne ce sont pourtant pas les sujets d'une extrême importance qui interpellaient le parti : maladie du Président, le Maroc qui nous attaquait régulièrement, des gens qui attaquent le parti, ceux qui réclament l'application de l'article 88 de la Constitution, etc. Seul Belayat était sur le front pendant tout ce temps-là.» Sans jamais se départir de son franc-parler habituel, Si Affif ne «lâche» pas les quatre. «Et voilà, comme par hasard, ils débarquent samedi avec leur gardes du corps au siège du parti pour tenter de remettre en cause une décision à laquelle ils ont participé, à savoir les désignations au niveau de l'Assemblée. Or, moi je peux témoigner que Belayat les a consultés tous. Il s'est même réuni à trois reprises au ministère des Transports avec Amar Tou et Rachid Harraoubia. Il s'est également déplacé chez Ziari au ministère de la Santé, chez Leila Tayeb au Sénat et Habiba Bahloul, au siège du parti.» Ce qui lui fait dire, tout aussi crûment : «C'est une trahison ! Ces gens-là se sont retournés contre Belkhadem il n'y a pas si longtemps déjà. C'est devenu une tradition chez eux. L'un d'entre eux, Amar Tou, est même devenu un spécialiste : il a trahi Benhamouda, Benflis, Belkhadem et maintenant Belayat.» Abdelaziz Bouteflika, ou plutôt Saïd Bouteflika dans tout cala ? Si Affif élude soigneusement une réponse tranchée. «Je n'en sais absolument rien. Je sais, par contre, que Amar Saïdani a reçu une véritable gifle samedi dernier, lui qui, en coordination avec Allioui et Tayeb Louh notamment, a tenté de faire venir ses soutiens à Hydra.» Cela, tandis que Amar Tou, qui joue ses deux côtés, utilise Boumehdi pour soutenir Saïdani au poste de secrétaire général, Si Affif tenait à lancer cet appel : «Que le président ôte leurs coquilles de ministres à ces gens-là et vous verrez bien ce qu'ils valent réellement auprès des militants. Ils ne font qu'user de leur position pour intimider les cadres et les militants». Ça promet...