Au lendemain de l'assassinat de son frère par des islamistes sur le parking de sa cité de Bachedjarah, le 6 juin 1994, Asma Guenifi et ses parents prennent la décision de s'exiler en France dans la précipitation. Des intégristes étaient revenus dans le quartier pour poursuivre leur tuerie. Après, Hichem, 20 ans, technicien stagiaire à la radio, ils planifiaient de faire la peau à Asma sa sœur, dont le seul tort était d'étudier à l'Ecole des beaux-arts d'Alger et de ne pas porter le hidjab. Dix-neuf ans après ce drame, Asma Guenifi décide de publier son premier livre. Elle y raconte ses années-lycée, la montée de l'intégrisme dans son quartier de Bachedjarah, la pression des voisins pour obliger les filles à porter le voile et la journée fatidique de l'assassinat de son frère Hichem par quatre islamistes sur le parking de leur cité de Bachedjarah, le 6 juin 1994. Elle avait 19 ans. Elle adorait son frère aîné. Il aimait le rock, Kamel Messaoudi, Jacques Brel et le groupe Scorpion et rêvait de faire carrière à la Radio. Au début des années 1990, cette cité paisible a commencé à changer. Le prosélytisme religieux prenait le dessus. Asma ne reconnaissait plus Wahid, son ami d'enfance, voisin et compagnon de jeux. «Wahid s'était laissé pousser une longue barbe et s'habillait d'un qamis... Il se mettait du khôl autour des yeux et se parfumait au musc... Une fois, alors que je dévalais les escaliers de mon immeuble à toute allure, je le croisais. Je m'arrêtais et le dévisageais de haut en bas : «Waouh ! Tu m'as fait peur avec ton nouveau déguisement» et j'éclatais de rire. Ses yeux se plissèrent de colère...Il me demanda de ne plus l'appeler Wahid (qui est l'un des 99 prénoms de Dieu) mais Abd Al Wahid» (p. 55). Après l'assassinat de Hichem Guenifi, et alors qu'un groupe de terroristes rôdait encore dans le quartier, semant la mort à bout portant, les parents de l'auteure trouvent refuge en France. Inconsolable, Asma Guenifi n'arrive toujours pas à faire son deuil, 19 ans après la disparition tragique de son frère. «Depuis l'assassinat de mon frère, je retournais 2 à 3 fois par an à Alger. Je ne pouvais supporter l'idée d'avoir laissé mon frère seul là-bas. A peine arrivée à l'aéroport, j'allais au cimetière d'El Alia» (p. 193). Aujourd'hui, Asma Guenifi est mariée et mère de trois enfants dont l'un porte le prénom de son frère disparu. A 37 ans, cette Algérienne d'origine constantinoise travaille comme psychologue à Paris. Ardente militante féministe, elle a créé l'Association des femmes euro-méditerranéennes contre les intégrismes et préside depuis 2011 l'association «Ni putes ni soumises». Sabrinal Je ne pardonne pas aux assassins de mon frère, d'Asma Guenifi. Editions Dalimen, 2013, 500 DA, 243 P.